Critiques rédigées par Lucie

 

Transparence (Marc Dugain)

note: 5Passionnant roman d'anticipation Lucie - 8 mars 2024

Et si vous aviez l'occasion de devenir immortel, le feriez-vous ? Quelles questions philosophiques et/ou religieuses cela vous poseraient ?
C'est ce que le roman Transparence nous propose : nous interroger à travers l'histoire de Cassandre, une française vivant en Islande dans les années 2060, et à la tête d'une société informatique qui va faire basculer le monde quand cette dernière va révéler qu'elle a réussi le transhumanisme ultime : mettre "l'âme" d'une personne dans un robot lui ressemblant trait pour trait.
La réflexion autour de cette révolution est passionnante : il y a une réelle analyse de notre société d'aujourd'hui, avec un propos critique et aussi un cri d'alarme sur le réchauffement climatique. Mais le transhumanisme n'est pas sans poser d'autres questions : a-t-on vraiment envie de construire une société avec des robots ?
Devenir immortel : rêve ou cauchemar ?

Où vont les larmes quand elles sèchent (Baptiste Beaulieu)

note: 3La fatigue (et la colère ?) d'un médecin de famille Lucie - 17 janvier 2024

Jean est un jeune médecin généraliste qui aime profondément ses patients. Pourtant, depuis quelques temps, il n'arrive plus à pleurer, même devant les pires situations. Pourquoi ? Baptiste Beaulieu se sert du personnage de Jean pour parler de son quotidien de médecin. Engagé, féministe, empathique, Jean c'est un peu le médecin que l'on rêve tous d'avoir.
J'ai lu cet ouvrage plutôt comme une succession de témoignages et de réflexions autour de la médecine d'aujourd'hui, et des situations que les médecins peuvent vivre avec leurs patients. Cela permet de se rendre compte à quel point les métiers du soin ont plus que jamais besoin de moyens.

Environnement toxique (Kate Beaton)

note: 5Les dessous du pétrole Lucie - 17 janvier 2024

Kate Beaton, pour pouvoir rembourser son prêt étudiant, décide de quitter sa Nouvelle-Écosse (Canada) natale pour trouver un emploi à l'ouest, dans l'Alberta. Elle restera deux ans là-bas, à travailler pour différentes compagnies exploitant les sables bitumineux, afin d'en extraire le pétrole. Certes c'est un boulot plutôt bien payé, mais dans un environnement hostile sur tous les plans : exploitation des ressources naturelles, climat ultra masculin, sexiste, où la solitude et l'ennui en font changer plus d'un...
Kate Beaton, à travers cette BD autobiographique, nous montre l'envers du décor d'une industrie qui ravage autant le paysage que les hommes. Elle dessine également de beaux moments d'humanité, nous rappelant que ce système est plus complexe que manichéen. Passionnant !

Accroche-coeurs perdus (Jean-Marc Viron)

note: 4Sur la piste de la libération... Lucie - 27 décembre 2023

L'intrigue se déroule dans les années 70, Michel Delançay est un jeune inspecteur de police qui va être confronté à des meurtres déguisés en suicides. Cette affaire va se révéler très particulière car elle va l'amener à enquêter sur des faits qui se sont déroulés pendant la libération de Rouen, en 1944.
C'est un bon roman policer, efficace, écrit par un auteur normand. A conseiller en particulier à ceux et celles qui apprécient les ouvrages qui mêlent enquête policière et faits historiques.

Les évaporés (Isao Moutte)

note: 5Superbe adaptation ! Lucie - 27 décembre 2023

Cette bande dessinée est une superbe adaptation du roman « Les évaporés » de Thomas B. Reverdy ! « Les évaporés » désignent, au Japon, des personnes qui ont disparu de façon volontaire. Ainsi, la police ne partira jamais à leur recherche et les familles se retrouvent désœuvrées, dans l’incompréhension la plus totale, et obligées de payer des détectives privés . Nous allons suivre Kaze, qui choisit de disparaitre après son licenciement. Sa fille Yukiko, qui habite en France, décide de rentrer au Japon afin de le retrouver. Au-delà de ce problème social typique du Japon, Les évaporés traite également de la société nippone en reconstruction, dans l’après Fukushima. C’est une fiction très émouvante traitée avec un dessin en noir et blanc plein de détails, avec des paysages ruraux et urbains très fournis.

Nous traverserons des orages (Anne-Laure Bondoux)

note: 4Les origines de la violence Lucie - 7 décembre 2023

"Nous traverserons des orages", c’est l’histoire de la famille Balaguère, sur plusieurs générations d’hommes, des hommes qui semblent nourris de colère et de violence. Comment sont-ils devenus ainsi ? Le narrateur va inviter le lecteur à remonter aux origines, et nous allons traverser un siècle d’histoire, où la famille va connaitre des joies et des malheurs. Nous allons vite comprendre que les hommes Balaguère sont souvent soumis à des choses qui les dépassent. Ils vont ainsi « traverser des orages », qui vont laisser souvent des marques. J’ai beaucoup aimé ce roman dans lequel on suit le fil de la grande Histoire en parallèle de la vie de la famille au fil des ans. C’est un très bon roman sur la transmission et le poids des secrets de famille.

Triste tigre (Neige Sinno)

note: 5Récit autobiographique coup de poing Lucie - 5 décembre 2023

Je l'avoue, au départ je ne voulais pas lire cet ouvrage, le thème de l'inceste me semblait trop difficile. Et puis, après avoir entendu l'autrice parler dans les médias, ma curiosité a été piquée. Ce récit autobiographique est brillant : Neige Sinno écrit certes sur l'inceste qu'elle a subit enfant par son beau-père, mais elle va au-delà : elle passe au scanner l'ensemble de la société et tente d'analyser et de questionner sur pourquoi on laisse autant faire. Elle interpelle également le lecteur. C'est un regard très sensible et honnête sur l'un des plus gros problèmes de notre société actuelle.

Avant la forêt (Julia Colin)

note: 4Récit post-apocalyptique Lucie - 21 novembre 2023

Dans un avenir proche, le pays a sombré dans le chaos, suite à de nombreux conflits mondiaux. Une famille composée de deux adultes et deux ados va trouver refuge dans un village des Pyrénées, où règne une organisation millimétrée, bien obligé quand on veut survivre. Ici l'argent, et les biens matériels de la société de consommation d'avant n'ont plus leur place : il faut maitriser l'agriculture, le bricolage, bref être utile à la communauté.
Elie, l'un des ados, va trouver sa place, contrairement à sa "presque soeur" Calme, qui va refuser cette façon de vivre et va s'en aller au milieu de la forêt, où elle semble avoir une connexion particulière avec les arbres et animaux.
Mélange de conte et de récit post-apocalyptique, cette histoire se centre sur le côté survivalisme.

Les Terres animales (Laurent Petitmangin)

note: 4Rester ou partir ? Lucie - 18 novembre 2023

Nous sommes en France, dans une région que l'auteur ne nomme pas, dans un futur (très) proche. Une catastrophe nucléaire a eu lieu. Cependant, les 4 personnages principaux de ce roman ne souhaitent pas partir : ils ont leur vie ici, ces terres leur appartiennent. Malgré les radiations, malgré les corps qui commencent à donner des premiers signaux d'alerte. Ils restent, coûte que coûte.
Cependant, un événement va venir bousculer leurs certitudes : la naissance d'un enfant.
Quel avenir faut-il envisager pour lui ? Rester et le condamner à une mort précoce, même en faisant tout pour le protéger ? Ou bien partir, mais en acceptant de repartir de zéro, dans un environnement inconnu ?
Laurent Petitmangin fait le choix dans ce roman de mettre l'accent sur les relations humaines et non sur le survivalisme. Son écriture est toujours sensible, assez poétique, nous faisant presque oublier l'environnement post-apocalyptique.
Malgré le thème, c'est une lecture plutôt agréable et assez envoûtante.

Sauvage (Julia Kerninon)

note: 4Portrait d'une passionnée Lucie - 18 octobre 2023

Ottavia est une femme qui a décidé dès son adolescence de suivre les traces de son père : elle deviendra cuisinière. Passionnée, indépendante et acharnée de travail, elle voue sa vie à la cuisine et ne cache pas que son entreprise passera toujours avant sa famille. Mais quelqu'un venant du passé va venir la retrouver, et faire vaciller Ottavia dans ses convictions...
C'est un beau portrait de femme que dépeint Julia Kerninon. Ottavia est un personnage complexe : on a envie de la soutenir dans ses projets, et son style de vie (son mari s'occupe des enfants pendant qu'elle travaille beaucoup) nous parait terriblement moderne, mais parfois elle nous parait bien égoïste et épuisante. Et c'est ce qui fait tout le charme du roman ! Élément à ne pas négliger : la description de la cuisine italienne, qui donne l'eau à la bouche !

Panorama (Lilia Hassaine)

note: 5Enquête dans une France dystopique Lucie - 18 octobre 2023

Nous sommes en 2049, en France, dans une société à l'ère de la Transparence. En effet, la population a fait le choix de ne plus avoir d'intimité et de vivre dans des maisons vivariums, transparentes, et ceci afin d'éradiquer la violence. Cependant, une famille vivant dans un beau quartier sécurisé va disparaitre. Comment cela est-ce possible dans une société où personne n'a rien à cacher ? Nous allons suivre l'enquête et découvrir que sous ses beaux atours, la Transparence n'est peut-être pas la solution miracle...
Pas un roman de science-fiction, pas un polar non plus, ce roman est assez inclassable ! Il possède une histoire à laquelle j'ai tout de suite adhéré : le réalisme est troublant, et l'ensemble résonne énormément avec nos problèmes contemporains. Une réussite !

Veiller sur elle (Jean-Baptiste Andrea)

note: 4Deux destins dans la grande histoire de l'Italie Lucie - 4 octobre 2023

Veiller sur elle, c'est l'histoire de Mimo et Viola, deux êtres qui n'auraient pas dû se rencontrer. Mimo est un jeune sculpteur de treize ans, atteint de nanisme, tandis que Viola vit au sein de l'une des familles les plus puissantes d'Italie.
Nés tous les deux en 1904, ils vont voir leur pays traverser cette première moitié du XXème siècle, avec tout ce que cela implique : première guerre mondiale, montée du fascisme, accession de Mussolini au pouvoir, seconde guerre mondiale.
Sur près de 600 pages, c'est le destin de l'Italie qui se lit sous nos yeux, avec en parallèle l'histoire de nos deux héros qui doivent chacun se battre pour exister. Lui en tant que sculpteur reconnu, elle en tant que femme qui veut avoir prise sur son destin et qui refuse que l'on décide pour elle. Passionnant !

Un simple dîner (Cécile Tlili)

note: 4Un fiasco annoncé Lucie - 4 octobre 2023

Un soir de canicule, à Paris, Rémy et Johar sont invités à manger chez Etienne et Claudia. Très vite, on sent que cette soirée ne sera pas un moment agréable : chacun a des ressentiments pour des raisons diverses, Claudia se rend compte qu'elle n'aime plus vraiment Etienne... bref, c'est un fiasco annoncé.
Très bon premier roman, avec une écriture maitrisée et qui possède cette force : à travers un sujet banal (un repas entre amis), l'autrice aborde un thème très actuel qui est la place de la femme dans la société. Pour Johar, il s'agit de la réussite professionnelle, et pour Claudia, c'est l'emprise d'un homme sur une vie qu'elle ne maitrise plus vraiment. Le roman montre aussi qu'on peut ne pas rester amis toute sa vie, le quotidien et les envies de chacun(e) prenant des directions diverses.

Et puis la foudre (Sophie Rouvier)

note: 3Un drôle de voyage Lucie - 4 octobre 2023

Chiara et Maxime, après vingt ans de vie commune, décident de se séparer. Cependant, la famille proche ne se doute absolument de rien, pire : ils vont leur offrir en cadeau un voyage à New-York, avec quelqu'un sur place qui filmera les meilleurs moments ! Le couple décide d'accepter ce dernier voyage ensemble, et vont se remémorer leurs années passées...
Lecture agréable, qui fait penser à une comédie romantique comme on en voit parfois à la télé. Il y a de l'humour, des moments tristes, des disputes, des réconciliations... Un roman sans prise de tête, idéal pour les vacances.

Jamais là par hasard (Lorraine Fouchet)

note: 4Révélations en Laponie Lucie - 23 septembre 2023

Ambroise, Arwen et Flore ne se connaissent pas, et pourtant ils vont recevoir tous les trois la même invitation pour un séjour de quelques jours en Laponie. Une fois sur place, ils vont rapidement s’apercevoir qu’ils ont finalement quelque chose en commun… ou plutôt quelqu’un. Est-ce cette même personne qui les a invités ? Et pour quelle raison ? Un roman très sympathique, avec des personnages attachants et une intrigue bien construite. J’ai passé un très bon moment de lecture, entre paysages du grand nord et émotions autour des révélations que vont connaitre les personnages.

Perspective(s) (Laurent Binet)

note: 5Intrigue(s) à la cour Lucie - 19 septembre 2023

Nous sommes au XVIème siècle, en pleine Renaissance Italienne et un épisode dramatique secoue la cour : un peintre a été retrouvé mort et un de ses tableaux a disparu ! Et pas n’importe lequel : l’ouvrage montre une femme nue avec la tête de Maria de Medicis. Un sujet hautement politique qui pourrait faire basculer le destin de certains…
Très bon roman qui a la particularité d’être épistolaire ! L’intrigue est composée de beaucoup de personnages, mais on fini par s’y retrouver et c’est passionnant ! A la fois polar, roman politique et roman historique, on suit avec délectation les manigances des uns et des autres pour s’emparer du fameux tableau. Une réussite !

La colère et l'envie (Alice Renard)

note: 5Un premier roman d'une grande beauté ! Lucie - 15 septembre 2023

Isor est une petite fille différente, qui ne rentre dans aucune case. Elle ne parle pas, ne joue pas et la communication avec ses parents est très compliquée. Le système médical et éducatif ayant échoué à l’encadrer, c’est à la maison qu’elle fait son propre apprentissage. Un jour, alors que des travaux de plomberie s’effectuent au domicile de ses parents, elle sera confié à Lucien, 76 ans, un voisin. Une amitié indéfectible se nouera entre ces deux êtres, bouleversant le quotidien de cet homme solitaire et triste. Un premier roman bouleversant, plein de douceur, de tendresse, mais aussi d’émotions. Je me suis interrogée sur certaines situations, me demandant si cela était réellement possible, mais on se laisse finalement prendre dans l’histoire, que l’on lit un peu comme un conte.

L'enragé (Sorj Chalandon)

note: 4L'échappé de Belle-Île-en-Mer Lucie - 15 septembre 2023

Ce roman se base sur un fait ayant réellement existé : le 27 août 1934, 56 enfants s’échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle Île en Mer. Tous seront capturés, sauf un. C’est l’histoire de ce dernier que Sorj Chalandon a souhaité raconter. Roman éprouvant que celui-là ! En effet, les colonies pénitentiaires pour mineurs étaient des endroits horribles, où les jeunes se faisaient régulièrement battre par des gardiens souvent alcoolisés. Il y a aussi la révolte de lire que les gens se sont tous ligués pour aller à la chasse à l’enfant (20 francs étaient promis pour chaque garçon capturé). Mais il y a aussi l’espoir quand ce gamin parvient à s’échapper et à trouver sur son chemin des personnes qui ne suivront pas le mouvement et qui lui tendront la main.

Attaquer la terre et le soleil (Mathieu Belezi)

note: 4La colonisation algérienne au XIXème siècle Lucie - 29 août 2023

"Attaquer la terre et le soleil", ce sont deux voix qui s'alternent pendant la colonisation de l'Algérie à la fin du XIXème siècle : la première est celle de Séraphine, une colon venue de Marseille avec sa famille pour cultiver une terre agricole promise par l'Etat, et la seconde est celle d'un soldat anonyme censé "civiliser" les habitants à coups de massacres, vols, viols et pillages.
Les deux personnages nous livrent chacun une vision des choses mais cela aura la même finalité : personne n'en ressort grandi.
C'est un court roman que j'ai lu presque en apnée, choquée par les horreurs commises et ce désastre annoncé. Cela reste malgré tout un roman très puissant et superbement écrit.

Les Contemplées (Pauline Hillier)

note: 5Une plongée bouleversante dans une prison tunisienne Lucie - 26 août 2023

La narratrice de l’histoire se retrouve incarcérée dans la terrible prison pour femmes de La Manouba, en Tunisie. Elle se retrouvera dans le pavillon D, une cellule à partager avec 28 autres co-détenues où règnent un environnement insalubre et des conditions d’hygiène déplorables.
Elle sera accompagné d’un livre, « Les contemplations » de Victor Hugo, qui fera office « d’échappatoire » dans ce quotidien marqué par l’ennui et la débrouille. Petit à petit, l’héroïne va tisser des liens avec ses co-détenues et découvrir une solidarité extraordinaire entre ces femmes.
Bien loin d’un simple témoignage autobiographique (mais largement romancé, l’autrice l’explique très bien), Les contemplées est un récit militant, qui dénonce les conditions d’emprisonnement de ces femmes tunisiennes et le système carcéral dégradant et humiliant mis en place.
La narratrice réussi ce tour de force de ne jamais basculer dans le pathos : elle assume son emprisonnement (on apprendra finalement très tard pourquoi elle est à La Manouba) et décide à travers ce roman de donner la parole à ces femmes, et de tenir sa promesse de ne pas les oublier et de transmettre leur message.

Les voyageurs du train de 8h05 (Clare Pooley)

note: 4Les amis du train Lucie - 16 août 2023

Tous les jours, plusieurs personnes prennent le même train sans jamais s'adresser la parole. Mais un événement soudain va les obliger à se connaître un peu mieux, faisant naître des amitiés et une solidarité qui va bouleverser le quotidien de chacun(e). Un roman très agréable à lire, avec des personnages attachants. L'écriture est fluide et l'histoire, sous ses airs légers, traite de sujets parfois délicats tels que : le sexisme, la violence conjugale ou le harcèlement.

Contrition (Carlos Portela)

note: 5Le pardon est-il toujours possible ? Lucie - 12 août 2023

Contrition est un ghetto de criminels sexuels, ils n'ont pas d'autres endroits où aller car après avoir purgé leur peine en prison, ils sont tenus par des mesures d'éloignements ultra restrictives.
Un jour, une mort par immolation s'y déroule et va intéresser la journaliste Marcia Harris, qui va décider de mener l'enquête mise de côté par les policiers. Car, après tout, qui se préoccupe de la mort d'un pédophile ?
Sans jamais prendre parti, les auteurs de cette bande dessinée nous livrent une histoire intense et sombre sur une Amérique hypocrite, qui préfère parquer des personnes plutôt que les soigner. Le choix graphique est riche, avec des dessins en noir et blanc et des textures qui donnent une ambiance particulière.
Le propos nous interroge sur la condition humaine, le pardon, le traitement judiciaire et le repentir.
C'est une excellente BD sur un sujet particulièrement difficile !

Frontier (Guillaume Singelin)

note: 5L'exploitation spatiale à son paroxysme Lucie - 10 août 2023

Frontier est une excellent BD de science-fiction, où les êtres humains ont réussi la conquête spatiale et pillent sans vergogne les ressources des différentes planètes. Un trio composé d'une scientifique, d'un ouvrier et d'une ex-mercenaire va cependant chambouler le quotidien d'une compagnie, en tentant de faire prendre conscience du désastre qui se joue dans l'espace. Beaucoup de thèmes actuels sont abordés (l'écologie, l'immigration, la pollution, la surexploitation...) dans un récit dense qui nous questionne sur la société et l'humain. Les dessins sont riches et fourmillent de détails.

Thorgal Saga n° 1
Adieu Aaricia (Robin Recht)

note: 4Une bonne surprise ! Lucie - 8 août 2023

J'avoue, je ne connais pas très bien la saga originelle Thorgal, c'est donc avec un œil de novice que j'ai lu cette BD qui rend hommage au héros.
Ce dernier est âgé, fatigué et il pleure sa femme disparue, Aaricia. Il va succomber à la proposition du perfide dieu-serpent pour retourner dans le passé afin de la revoir. Mais il est dangereux de jouer avec le destin...
Une BD qui je pense plaira aux fans de la première heure, ainsi qu'aux autres. L'histoire est efficace et le dessin fidèle à la série d'origine.

Les vies de Charlie (Aurélie Guarino)

note: 4Une BD pétillante ! Lucie - 8 août 2023

Charlie est un jeune homme enthousiaste et optimiste qui travaille pour "Recycle & Ternel", une société qui propose de recycler les défunts en objet ou autre, selon le souhait de la famille.
Un jour, un petit garçon va lui faire une demande bien particulière : savoir où est partie l'âme de sa maman...
Bande dessinée très étonnante, assez difficile à résumer mais qui propose un scénario farfelu et tendre sur la vie après la mort. Il y a beaucoup de rebondissements, le personnage de Charlie est chouette, attachant et les dessins dynamiques, évoluant entre le noir et blanc et les couleurs vives selon le propos. Une BD poétique qui fait du bien au cœur !

Bien sûr que les poissons ont froid (Fanny Ruwet)

note: 4Une super comédie ! Lucie - 5 août 2023

Allie, jeune trentenaire un peu dépressive, décide avec l'aide de son ami Max de retrouver Nour, un garçon avec qui elle communiquait il y a des années via MSN.
Ainsi commence le roman d'une génération qui a vu l'émergence des premiers réseaux sociaux, entre humour et gravité. Fanny Ruwet est humoriste et fait du one woman show, ce qui se ressent dans son texte. Les phrases sont à fleur de peau, percutantes, avec beaucoup d'auto-dérision. De nombreux thèmes sont abordés : l'importance d'internet dans nos vies, le féminisme, la sexualité... J'ai passé un très bon moment de lecture !

Les Dévorés (Thibaut Solano)

note: 4Clermont à l'épreuve d'un meurtrier Lucie - 5 août 2023

A l'approche de Noël, fin 2018, alors que les gilets jaunes sont sur les ronds points, Simon Lagny, journaliste local spécialisé dans les faits divers, va s'intéresser de très près à un meurtre. En effet, le corps d'un professeur à été retrouvé dans un coffre de voiture, sévèrement mutilé.
Quelques temps plus tard, c'est une petite fille qui disparaît sur le marché de Noël.
C'est un roman policier efficace, qui tient son originalité par son anti héros un peu maladroit, Simon, qui est journaliste et non policier. Cela donne un autre ton, une autre vision d'une enquête.
Il faut savoir que l'auteur Thibault Solano est lui même journaliste, il sait donc de quoi il parle et cela se ressent dans l'ambiance qu'il donne à ce policier.

Des lendemains qui chantent (Alexia Stresi)

note: 4Le destin d'un ténor Lucie - 7 juillet 2023

Ce roman de près de 500 pages nous entraîne en Italie, où un orphelin va connaître un destin fulgurant de ténor grâce à son don pour le chant.
Cet orphelin, c'est Elio Leone. Maltraité durant son enfance, il va cependant trouver la générosité d'un médecin, qui va l'envoyer sur l'île de Zanolla où un prêtre a créé une chorale où il fera ses premières gammes.
Quelques années plus tard, fuyant le fascisme, il arrivera à Paris où Mademoiselle Renoult, professeur de rôle, le prendra sous son aile et le fera entrer dans les plus grandes salles. Mais la guerre n'est pas très loin et risque de le rattraper...
"Des lendemains qui chantent" est un roman qui se lit avec plaisir, et pas besoin d'être féru d'opéra pour l'apprécier !
Nous voyageons avec ce personnage à travers sa destinée à la fois tantôt tragique, tantôt flamboyante, marquée par l'histoire, qui le rattrape toujours. J'imagine très bien une adaptation cinématographique !

Les dernières volontés de Heather McFerguson (Sylvie Wojcik)

note: 4Un héritage écossais Lucie - 4 juillet 2023

Aloïs, jeune bouquiniste parisien, va avoir la grande surprise de se retrouver héritier d'une petite maison en Écosse. En effet, il ne connait pas du tout Heather McFerguson, la légatrice.
Cependant, mû par la curiosité, il va accepter l'héritage et se rendre sur place pour en apprendre plus sur cette mystérieuse personne. Il n'est pas au bout de ses surprises, surtout quand il comprend qu'un lourd secret familial est au bout du chemin...
C'est un très beau texte, très doux, que j'ai lu. Le thème de l'amour familial, en particulier de la relation père-fils, est très touchant. En parallèle, la superbe description de l'Écosse nous donne envie de découvrir ce coin qui semble à la fois si brute et si beau. Une belle découverte !

Petite sale (Louise Mey)

note: 4Un roman noir social Lucie - 7 juin 2023

"Petite sale", c'est Catherine, bonne à tout faire dans une grande exploitation agricole. Quand la patronne la verra la première fois et lancera : "elle fait sale, cette petite", Catherine décidera de se faire quasi invisible, presque transparente, pour ravaler l'humiliation subie. Car à part travailler pour Monsieur Demest, propriétaire de presque 500 hectares et employant presque la totalité du village, et bien il n'y a pas grand chose à faire...
Un matin, Sophie, la petite fille de ce dernier, disparaît et une rançon est demandée. Au fur et à mesure de l'enquête, nous allons découvrir que beaucoup de personnes pouvaient en vouloir à Demest, mais tout le monde ne semble pas prêt à parler...
Au fur et à mesure du roman, on bascule petit à petit dans le polar social, l'enquête sur la disparition de Sophie permet de parler d'une France de 1969, dans la campagne de l'Oise où le temps semble s'être figé. L'ambiance est glaciale, les corps fatigués par le travail et les liens de servitude tenaces. Une bonne intrigue avec en toile de fond la dénonciation de la domination sous toutes ses formes : les riches sur les pauvres, hommes sur les femmes, etc.

Les Mangeurs de nuit (Marie Charrel)

note: 5Un roman avec des personnages puissants Lucie - 7 juin 2023

Le roman "Les mangeurs de nuit" raconte le destin des femmes japonaises arrivées au Canada dans l'espoir d'une vie meilleure. Ce sont les "pictures brides" : des femmes qui rejoignaient des hommes qu'elles ne connaissaient que par une photographie. Arrivées sur place, elles se retrouvaient à devoir travailler dans des conditions très difficiles. La seconde guerre mondiale ne va rien arranger : les japonais immigrés vont subir de plein fouet le racisme et être internés dans des camps suite aux attaques de Pearl Harbor.
En parallèle nous suivons le quotidien de Jack, un creek walker, dont la belle mère est une autochtone, qui l'a bercé de contes amérindiens.
Enchaînant les allers et retours dans le temps, cette fresque aussi bien familiale qu'historique est un régal de lecture !
Les descriptions de la nature sont de toute beauté, le tout saupoudré de légendes japonaises et indigènes. Les personnages sont forts, passionnants dans leur vécu et leur caractère. C'est un fabuleux roman qui décrit le portrait d'une génération, d'une époque et d'une communauté.

Reste (Adeline Dieudonné)

note: 4Road trip post-traumatique Lucie - 25 mai 2023

La narratrice de l'histoire retrouve un matin son amant, M., mort d'une crise cardiaque au bord d'un lac. Tous les deux passaient un weekend dans le chalet où ils ont l'habitude de se retrouver. Une fois l'effroi et la panique passés, elle décide de garder le corps encore un peu pour elle, de ne pas le rendre à sa femme. Elle va partir avec son corps, dans sa voiture pour un dernier road trip. Ce sera l'occasion de se remémorer la rencontre avec M., et leur histoire d'amour.
Même si au premier abord l'histoire peut sembler glauque (une balade de 6 jours avec l'amant décédé sur le siège arrière), c'est une très bonne réflexion sur le couple, et plus largement la naissance, la mort, qui est donnée à travers l'héroïne de ce roman. J'ai accroché dès les premières pages, Adeline Dieudonné possède une écriture réaliste et très efficace. C'est un portrait de femme qui a trouvé une réelle émancipation à travers cette histoire d'amour illégitime. Je ne m'attendais pas à un texte aussi féministe, qui interroge sur la place des femmes dans la société et les pressions subies par celles-ci.

Ici et seulement ici (Christelle Dabos)

note: 4Un roman choral et fantastique sur le collège Lucie - 23 mai 2023

Christelle Dabos est connue pour sa série "La passe-miroir", mais avec le roman "Ici et seulement ici", elle change complètement d'univers pour nous emmener dans un roman assez déstabilisant, inspiré de ses années collège.
Nous suivons, au fil des chapitres, plusieurs personnages : certains font leur première rentrée en sixième, d'autres ont la boule au ventre ou bien ont constaté un changement de leur état pendant l'été.
L'ambiance est très sombre : dans cet établissement, les règles sont dictées par "Le prince", il y a une violence omniprésente envers les plus faibles et les professeurs n'interviennent pas. Petit à petit, on sent que l'histoire bascule du côté surnaturel : il y a des fantômes qui rôdent dans les couloirs, et une élève se rend compte qu'elle possède des pouvoirs qui pourront la rendre très populaire auprès des autres. Difficile de résumer ce roman assez complexe mais Christelle Dabos a un réel talent d'écriture, qui fait que l'on est tout de suite happé par l'histoire. Ces chapitres sont comme une métaphore de nos propres expériences du collège : les élèves "populaires", le harcèlement, l'envie de copier les autres pour se fondre dans la masse, etc.
Une très bonne lecture !

L'île de Yule (Johana Gustawsson)

note: 4Bienvenue au manoir Lucie - 16 mai 2023

L'île de Yule est un polar qui se déroule sur l'île de Storholmen (Suède) où vit une petite communauté. Tout est piéton, on y trouve un restaurant, quelques maisons mais surtout un manoir ! L'héritier de la famille Gussman, propriétaire de l'endroit, souhaite faire l'inventaire des œuvres qui s'y trouvent et pour cela il fera appel à une société spécialisée. Emma Lindahl s'en chargera, mais elle découvrira très vite que quelque chose ne tourne pas rond dans ce manoir... Neuf ans plus tôt, une adolescente a été retrouvée pendue à un arbre du domaine, sans que l'assassin ne soit jamais retrouvé. Alors qu'Emma commence sa mission,une autre jeune fille est trouvée morte, et tout porte à croire qu'elle a été tuée par le même tueur que l'ado neuf ans plus tôt...
Avec une enquête faite de multiples rebondissements (dont un revirement de situation que je n'avais vraiment pas vu venir !), L'île de Yule est un thriller qui nous tient en haleine du début à la fin ! Saupoudrée de mystique viking, l'histoire est efficace et on passe un excellent moment.

Ceci n'est pas un fait divers (Philippe Besson)

note: 4Roman coup de poing sur le féminicide Lucie - 4 mai 2023

Le narrateur de cette histoire, qui a dix neuf ans et dont on ne saura jamais le prénom, voit sa vie s'écrouler quand sa jeune sœur de treize ans l'appelle pour lui annoncer le drame : "Papa vient de tuer maman".
Passé l'instant de sidération et le chagrin inconsolable, les enfants vont remonter le temps, le fil de leurs souvenirs, pour essayer de comprendre qu'est-ce qui a pu amener à un tel acte. Et la conclusion sera cruelle et sans appel : tous les indices étaient présents.
Inspirée de faits réels, cette histoire de près de 200 pages est une histoire tragique, d'une tristesse sans nom. Ça prend aux tripes, vous n'en sortez pas indemne.
Cette histoire n'est pas un fait divers car, comme l'écrit très bien Philippe Besson : "c'est un fait social". La violence contre les femmes, le pouvoir et la domination font toujours des ravages.
Loin de tomber dans les grandes envolées lyriques, Philippe Besson a écrit avec des phrases courtes, simples, efficaces une histoire du point de vue des victimes collatérales, bien souvent très vite oubliées dans ce genre d'affaire. Un roman coup de poing qui m'a profondément remuée.

La fille-renard (Maria Grund)

note: 4Un thriller nordique efficace Lucie - 3 mai 2023

Sur une île suédoise, deux inspectrices de police vont devoir faire équipe pour enquêter sur la mort de Mia, une adolescente.
Tout porte à croire que cette dernière s'est suicidée. Mais le doute commence sérieusement à s'installer lorsque le corps d'une dame âgée est retrouvé dans sa villa. Et si ces deux morts étaient liées ?
La fille renard est un thriller efficace, avec une intrigue bien menée. J'ai apprécié les caractères bien trempés des deux enquêtrices, Sanna et Eir : souvent dans les polars, c'est toujours le cliché de l'enquêteur bourru, au passé trouble, qui est mis en avant. Ici, ce sont deux femmes qui ont des traumatismes et qui doivent composer avec, tout en menant une enquête éprouvante.

Hoka hey ! (Neyef)

note: 5Vengeance au Far West Lucie - 21 avril 2023

Hoka Hey ! est une quête vengeresse mené par un trio composé de Little Knife et No moon, deux indiens, ainsi que Sully, un Irlandais. Ils vont être rejoints par Georges, un jeune indien Lakota élevé par le pasteur Clemente dans une réserve. En plus d’être une magnifique BD de plus de 200 pages, avec un graphisme qui restitue les superbes espaces du grand ouest sauvage américain, elle possède un scénario addictif, avec de l’action mais aussi des thèmes toujours actuels tels que le racisme, les traditions, la nature… Et une grande question : l’apaisement de la colère passe-t-elle automatiquement par la vengeance ? Un western de toute beauté !

Toutes les princesses meurent après minuit (Quentin Zuttion)

note: 4Une journée particulière Lucie - 20 avril 2023

C'est la fin des vacances d'été et lors de cette journée du 31 août 1997, le destin d'une famille ordinaire va basculer.
La mère de famille sait que son mari va partir, Cam l'adolescente va découvrir les premiers émois amoureux et Lulu va se rendre compte que son identité sexuelle n'est pas tout à fait la même que son meilleur ami... En effet, Lulu ce qu'il aime par dessus tout, c'est jouer à la poupée et se transformer en sirène.
L'auteur a réussi à aborder de façon très délicate beaucoup de thèmes, le tout avec des dessins très doux et une palette de couleurs pastels qui retranscrivent une ambiance de fin d'été.
Il a une ambiance très particulière dans cette BD, qu'il est compliqué de décrire, mais c'est une réussite ! On a l'impression qu'il ne se passe pas grand-chose et pourtant rien ne sera plus pareil après cette journée.

Colossale n° 1 (Rutile)

note: 5Une comédie...musclée ! Lucie - 20 avril 2023

Jade est une jeune fille issue de l'aristocratie. Sa mère est obsédée par son avenir et l'envoie dans toutes les soirées mondaines dans le but que Jade trouve enfin le prince charmant...
Mais cette dernière n'est pas du tout intéressée car elle a une passion qui lui prend la majeure partie de son temps libre : la musculation ! Jade cache cette obsession car elle a peur d'être jugée et puis ce n'est pas bien vu dans son milieu. La rencontre avec un maréchal ferrant va peut-être faire basculer son quotidien...
Une super comédie qui ne se prend pas du tout au sérieux, avec des personnages attachants et des rebondissements !

Ta seule issue (Giles Kristian)

note: 4Une chasse à l'homme sous haute tension Lucie - 20 avril 2023

Quand Erik propose à sa fille de partir en randonnée en montagne, c'est une manière pour lui de pouvoir renouer après le drame qui a marqué leur famille. Mais pendant leur voyage, ils vont être témoins d'un crime. Commence alors une traque sans merci dans une nature hostile et pleine de pièges...
Difficile de lâcher ce polar très bien construit, qui ne vous laisse pas beaucoup de temps de répit ! Le rythme est soutenu et on tremble à chaque page pour Erik et sa fille. Les quelques termes techniques sur le ski n'empêchent pas de passer un bon moment de lecture. Et si vous êtes féru de ce sport, ne passez pas à côté de ce livre.

Les désobéissantes (Emmanuelle Faguer)

note: 4Enquête dans le milieu de la musique classique Lucie - 5 avril 2023

En 1994, le pianiste mondialement connu Marcus Solar stoppe brutalement sa carrière après un dernier concert, sans explication. Il ira s'exiler à Belleville, en Picardie, où il vivra en quasi ermite dans un château.
26 ans plus tard, alors qu'il s'apprête à faire son grand retour, son agent le retrouve mort dans son lit. Élisabeth, sa domestique, est également retrouvée morte mais au pied des escaliers. L'enquête abouti à un suicide médicamenteux pour Marcus et à un accident domestique pour Elisabeth, qui serait tombée dans sa précipitation pour appeler les secours. Mais cette conclusion ne plait pas à la lieutenante Lila Cherfa. Avec l'aide de son collègue Ronan, ils vont fouiller le passé de Marcus Solar et s'apercevoir que celui-ci a un passé marqué par différents traumatismes, mais également par des femmes qui ont eu chacune un rôle à jouer dans ce destin hors du commun. Qui avait des raisons de lui en vouloir ? Emmanuelle Faguer signe ici son premier ouvrage, un polar très efficace qui nous entraine dans une atmosphère sombre teintée de musique classique. Les allers-retours entre le passé et le présent, loin de nous perdre dans la lecture, rendent le récit prenant et assez addictif ! J'ai passé un très bon moment de lecture !

L'heure des oiseaux (Maud Simonnot)

note: 5Roman poétique et sensible Lucie - 5 avril 2023

En 1959, sur l’île de Jersey, Lily est une jeune fille qui tente tant bien que mal de survivre dans l’orphelinat où elle a été placée. En effet, la cruauté et les humiliations sont le lot quotidien des enfants y séjournant. Elle trouve du réconfort dans le chant des oiseaux et dans son amitié indéfectible avec un autre enfant, qu’elle surnomme « Le Petit ».
Soixante ans plus tard, une jeune femme d’une trentaine d’années se rend sur l’île de Jersey pour en apprendre plus sur les origines de son père. Elle est loin de penser à ce qu’elle va y découvrir car derrière les images de carte postale pour touristes, se cachent des drames que la plupart des habitants voudraient voir disparaitre.
S’inspirant d’une histoire malheureusement vraie (l’orphelinat de l’île de Jersey a été un lieu d’abus sexuels et psychologiques), Maud Simonnot signe un roman à la fois poétique et sensible, qui ne verse jamais dans l’horreur, malgré les faits qui se sont déroulés dans ces lieux. Il n’y a aucune scène choquante, et le contraste entre la beauté de l’écriture, des images, de la nature et la noirceur du sujet donne toute la réussite à cet ouvrage.

Fille en colère sur un banc de pierre (Véronique Ovaldé)

note: 5Retour aux sources Lucie - 5 avril 2023

Aïda revient dans sa famille après une absence de plusieurs longues années, pour assister aux funérailles de son père, surnommé "Sa Seigneurie". C'est un homme qu'elle a beaucoup aimé, mais qui était sujet aux colères et qui s'est mis à la détester à la suite de la disparition de sa plus jeune sœur. En effet, la famille l'a tenue pour responsable de cette tragédie.
Aïda, en retrouvant ses deux autres soeurs, va faire ressurgir le passé et les secrets familiaux. Va-t-elle pouvoir comprendre ce qu'il s'est passé ? Va-t-elle enfin pouvoir prouver son innocence à sa mère et ses soeurs ?
Véronique Ovaldé possède une plume que j'apprécie énormément : elle est imagée, pleine d'humour et incisive ! Il y a du conte, du roman... le tout décrivant des retrouvailles familiales placées sous haute tension. L'ambiance sicilienne est très bien décrite aussi. Un coup de cœur !

De lune et de sang n° 1 (Erin Beaty)

note: 4Réécriture de Jack l'éventreur en mode fantasy Lucie - 5 avril 2023

Catrin est une jeune orpheline vivant à Collis et travaillant sur le chantier du Sanctum pour le compte du maitre architecte Thomas. Elle va se retrouver entrainée dans une enquête concernant des meurtres atroces de prostituées. En parallèle, Catrin découvre qu'elle a des pouvoirs quand elle se tient sous la lune. Cela est-il lié à ses origines ? Bien utilisés, ses pouvoirs lui permettront peut-être de retrouver l'assassin qui sévit en ville, et qui semble prendre un malin plaisir à tuer les personnes chères à Catrin. Mélange de polar et de fantasy, Erin Beaty a réécrit l'histoire de Jack l'Eventreur avec les codes de la littérature Young Adult. Héroïne attachante aux origines secrètes, histoire d'amour, magie... tous les ingrédients sont présents et j'ai passé un bon moment de lecture ! J'ai hâte de connaitre la suite des aventures de Catrin.

L'heure des femmes (Adèle Bréau)

note: 4Le destin de "La dame de coeur" Lucie - 3 mars 2023

Dans ce roman fortement inspiré de la vie de sa grand-mère, Adèle Bréau nous raconte comment Menie Grégoire est devenue "la Dame de Cœur", celle qui a réuni de 1967 à 1981 des millions d'auditrices sur RTL, sur le créneau du début d'après-midi.
L'émission de Menie consistait à lire à l'antenne une lettre qu'elle avait reçue au studio, puis elle l'a commentait, et les auditrices et auditeurs pouvaient appeler pour réagir.
Le concept était, pour l'époque, révolutionnaire, et va connaitre un immense succès ! Menie, grâce à ses qualités humaines et d'écoute, va, à travers ces émissions, aborder des sujets ultra délicats pour l'époque : contraception, avortement, problèmes de couples, sexualité, etc.
Menie Grégoire va apporter pendant toutes ces années un réel encouragement et une aide dans l'émancipation des femmes. En parallèle de cette histoire, nous suivons la vie de trois femmes, fictives, qui vont voir leurs destins impactés directement par Menie.
Mélange de réel et de fiction, ce roman retrace, avec une écriture très abordable, une époque où la société était corsetée dans ses valeurs et la parole des femmes quasi inexistante.

Alabama 1963 (Ludovic Manchette)

note: 4Enquête en Alabama Lucie - 3 mars 2023

A Birmingham, en Alabama, en 1963, une jeune fille noire disparaît. Autant vous dire que dans ces années-là, la police ne s'en préoccupe guère... Sauf que les disparitions continuent et mettent les habitants à cran.
Bud, détective privé alcoolique, va être engagé par la famille d'une des filles pour enquêter. Il va être secondé par Adela, jeune femme noire qui est devenue sa femme de ménage à la suite d'un malentendu. Ce duo que tout oppose au départ, va finir par se compléter : Adela aidera Bud à infiltrer la communauté noire qui oppose un silence de plomb à ce dernier. Mettant ainsi à mal les clichés et la peur de l'autre, pour avancer ensemble dans l'enquête.
Un très bon roman noir efficace, l'atmosphère de cette époque, avec tout ce qu'elle implique (ségrégation, racisme, terrorisme du Ku klux Klan...) est retranscrite sans caricature.

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (Maria Larrea)

note: 4La quête des origines Lucie - 31 janvier 2023

Maria découvre, à la faveur d'un tirage de Tarot, qu'elle est adoptée.
A la suite de cette révélation, elle va mener une recherche sur ses parents biologiques, qui la mèneront à Bilbao, en Espagne.
Parallèlement à cette recherche, Maria nous raconte la jeunesse de ses parents adoptifs, jeunesse difficile, qui s'est faite dans la misère.
Ce roman est une façon pour l'autrice de se réapproprier son histoire familiale, et de jouer avec l'arbre généalogique en imaginant la vie de ses ancêtres. Très bon premier roman, c'est aussi une déclaration d'amour à la famille.

Saint-Elme n° 1
La vache brûlée (Serge Lehman)

note: 4Mélange entre polar et fantastique Lucie - 10 janvier 2023

Franck Sangaré, détective privé, débarque à Saint-Elme car il a été engagé par une mère pour retrouver la trace d'un jeune fugueur qui aurait été aperçu dans cette ville. Le détective est secondé par Dombre, jeune femme qui connait très bien la région et ses habitants.
Alors que cette recherche s'avérait au premier abord plutôt facile, les ennuis vont bientôt arriver. Franck va découvrir une Saint Elme violente et mystérieuse, avec des habitants qui cachent des secrets...
C'est une très bonne bande dessinée qui a su mélanger le polar et le fantastique, tout en déroulant plusieurs arcs narratifs qui vont finir par se rejoindre. Prenant, sombre, avec des retournements de situation : à conseiller !

Origami blues (Sarah Clain)

note: 4Un bon roman feel-good Lucie - 10 janvier 2023

Florence a 33 ans, célibataire et sans enfant, elle tient une petite boutique spécialisée dans l'art du papier. Sa vie très bien réglée se voit bouleversée par plusieurs évènements : sa sœur décide de partir s'installer en Hongrie, Florence va embaucher Raphaël, un jeune homme inadapté socialement et enfin elle va recevoir une commande d'un homme qui ne lui déplait pas... C'est un beau roman plein d'émotions, même si les clichés du genre ne sont pas toujours évités. J'ai tout de même passé un très bon moment, c'est une lecture qui fait du bien, avec un sujet central très sérieux (le deuil et la reconstruction) mais abordé de façon sensible.

Fils de personne (Jean-François Pasques)

note: 4Une intrigue efficace Lucie - 30 décembre 2022

Le commandant Delestran est appelé suite à la découverte d'un corps dans les Jardins des Tuileries à Paris. Accident ou meurtre ? En parallèle, il enquête sur la disparition inquiétante de trois femmes.
Avec une intrigue efficace et sans fioritures, l'ouvrage "Fils de personne" tient ses promesses et se révèle être un bon polar. Nous sommes tout de suite dans l'histoire, l'enquête est à taille humaine : pas de rebondissements en cascade, ni de tueurs sanguinaires, mais un scénario réaliste et crédible. A découvrir !

Le mage du Kremlin (Giuliano Da Empoli)

note: 5Récit passionnant sur l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine. Lucie - 27 décembre 2022

L'auteur Giuliano Da Empoli traite des coulisses du pouvoir russe à travers les confidences d'un personnage ayant réellement existé, qui aurait contribué à l'accession au pouvoir d'un certain Vladimir Poutine : Vadim Baranov, dit "Le mage du Kremlin".
Terriblement actuel et raisonnant avec la géopolitique récente, ce roman est passionnant ! Entre les confidences du Mage, qui sont purement fictionnelles, l'auteur a instillé des événements historiques véridiques. Entre corruption, propagande, manipulations des réseaux sociaux... on s'immisce dans les coulisses du Kremlin pour mieux comprendre les mécanismes pervers de la politique de Vladimir Poutine. Livre achevé un an avant la guerre en Ukraine, il est à la fois fascinant et effrayant.

Les pizzlys (Jérémie Moreau)

note: 5Renaitre en Alaska Lucie - 27 décembre 2022

A la suite d'un accident, Nathan, chauffeur Uber au bord du burn out, accepte la proposition d'une de ses clientes de la suivre en Alaska.
Il emmènera avec lui son frère et sa sœur, en espérant que ce voyage leur permettra de se retrouver, après la mort de leur mère.
Ils vont découvrir là-bas un monde à l'opposé de leur mode de vie moderne : en Alaska, pas ou peu d'internet, pas de nourriture si on ne sait pas chasser, etc.
Mais ce sera aussi l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes et aussi de se retrouver soi-même.
Mêlant le conte philosophique, les mythes et le roman initiatique, l'auteur a aussi utilisé une palette de couleurs très vive pour exprimer les voyages intérieurs. Une magnifique histoire, un hommage à la nature !

Furieuse (Geoffroy Monde)

note: 4Une aventure chevaleresque moderne ! Lucie - 27 décembre 2022

Le roi Arthur est devenu un ivrogne vautré sur son trône, laissant à l'abandon son royaume de Pendragon.
Qu'à cela ne tienne, sa fille Ysabelle, qu'il a promise au baron de Cumbre, décide de lui voler son épée enchantée et de s'enfuir pour se forger un meilleur destin !
Mais la jeune fille ne connaît rien au vaste monde, et cette épée n'a-t-elle que de bonnes intentions à son égard ?
Avec beaucoup d'humour, cette bande dessinée revisite l'aventure chevaleresque au féminin, avec un côté très moderne ! J'ai passé un excellent moment avec ces personnages qui deviennent attachants tout au long du récit.

Mon ami Pierrot (Jim Bishop)

note: 4Une histoire d'emprise amoureuse Lucie - 27 décembre 2022

Clea est une jeune fille qui rêve de mener une vie de danseuse, mais sa mère en a décidé autrement : elle l'a promise en mariage à un comte.
Lors d'une fête, Clea rencontre Pierrot, un saltimbanque, et décide de tout laisser tomber pour aller vivre avec lui dans la forêt. Elle va y découvrir la magie, des sorcières et autres créatures. Mais cette vie rêvée va rapidement virer à la relation toxique... Qui est vraiment Pierrot ? Lui veut-il que du bien ?
Au niveau du dessin de cette BD, j'ai eu l'impression d'être dans un film animé de Miyazaki ! C'est très beau, poétique et magique. Jim Bishop nous parle d'emprise amoureuse dans un monde féerique, où le danger n'est jamais très loin, mais également d'émancipation et de liberté . Une BD que j'ai lu d'une traite !

Oeuvre non trouvée

note: 3La mythologie revisitée Lucie - 17 décembre 2022

Avec Lore Olympus, Rachel Smythe revisite de façon très contemporaine une histoire de la mythologie grecque, celle de Perséphone et Hadès. Ici, nous sommes dans un cadre moderne, un peu new-yorkais, où la jet-set des dieux et déesses se retrouve dans des soirées arrosées et échange les derniers potins.
Perséphone est une jeune étudiante qui va être entrainée dans une de ces soirées par sa colocataire Artémis. Sa rencontre avec Hadès, un homme sombre et incompris venant des Enfers, va bouleverser sa vie. C’est sous le prisme de la romance que l’auteure va choisir de nous conter cette histoire, sans oublier les affres des autres dieux et leurs péripéties.
Même si le scénario n’est pas très étoffé et que le dessin est assez simple (mais n’oublions pas que cette série a d’abord été écrite pour le web, et qu’elle n’était pas forcément destinée à être publiée ! ), j’ai passé un bon moment ! C’est une façon un peu décalée de se remettre dans les histoires de la mythologie grecque. Le travail sur les couleurs est bien réalisé, et l’auteure aborde d’autres sujets de société, ce qui explique sûrement le succès de cette BD : harcèlement, violences sexuelles, emprise familiale…

La petite menteuse (Pascale Robert-Diard)

note: 5La petite menteuse : victime ou bourreau ? Lucie - 15 décembre 2022

Dès le titre, le ton est donné : Lisa a menti quand elle a accusé Marco lange, ouvrier trentenaire, de viol. A travers le récit de sa nouvelle avocate, Alice, nous remontons le temps et les événements pour essayer de comprendre comment Lisa a pu soutenir ce mensonge, aidée par des adultes bien (trop ?) intentionnés.
C'est un roman passionnant, qui se lit d'une traite, sur l'emballement de la mécanique judiciaire, en particulier quand le suspect est idéal. Mais cela va plus loin, car bien évidemment si ce mensonge a pu se construire et convaincre, c'est qu'il y avait des raisons.
Ici, rien n'est binaire, et c'est ce qui rend cet ouvrage passionnant : Lisa a certes menti, mais les circonstances qui l'ont amenée à cette affaire sont complexes, et Marco Lange est loin d'être un homme toujours respectable. C'est aussi un texte sur l'adolescence, qui peut être d'une violence folle, surtout quand on est une jeune fille qui grandit trop vite. Plein de questions restent après la lecture, c'est prenant et très juste.

La bibliothèque des rêves secrets (Michiko Aoyama)

note: 5Un roman qui fait du bien ! Lucie - 6 décembre 2022

Dans ce roman, chaque chapitre nous présente un personnage qui se trouve à un carrefour de sa vie et plus particulièrement dans une situation difficile. Cela peut être un travail qui ne convient plus, l'absence de travail ou une retraite mal vécue... Les cinq personnes vont toutes pousser la porte de la bibliothèque de leur quartier, où la bibliothécaire, très originale, va leur proposer un livre bien particulier, qui va changer le regard sur leur vie.
Un roman d'une douceur exquise et ultra positif, sans jamais tomber dans la niaiserie ! Que cela fait du bien ! Un grand coup de cœur.

Mon acrobate (Cécile Pivot)

note: 4Faire le deuil d'un enfant Lucie - 6 décembre 2022

Izia est en train de vivre l'une des pires choses qui puisse arriver : sa fille Zoé est morte, fauchée par un chauffard.
Après l'immense tristesse, et les moments où elle-même souhaiterait mourir, revient peu à peu l'envie de vivre. Izia va créer son entreprise, et pour le moins originale : aider les personnes à vider des lieux après le décès d'un proche.
Ce roman traite de façon extrêmement touchante le deuil et l'amour que l'on continue à porter aux personnes disparues. Sans jamais verser dans le pathos, Cécile Pivot a réussi à écrire un roman plein d'espoir sur un sujet difficile.

Le colonel ne dort pas (Emilienne Malfatto)

note: 5L'absurdité et la cruauté de la guerre Lucie - 6 décembre 2022

Avec ce très court roman, Émilienne Malfatto tente de rentrer dans l'esprit d'un bourreau qui officie au sein d'une dictature sur le déclin. Ici, aucun pays n'est nommé, on ne sait pas précisément où cela se passe, mais cela a-t-il une importance ? La guerre est horrible, où qu'elle soit.
Surnommé Le colonel, le bourreau effectue son travail tous les jours, avec une régularité de métronome, en étant tout à fait conscient de l'horreur de sa mission. Depuis quelques temps, il ne dort plus, "ses morts" viennent le visiter la nuit. Et quand on a plus le sommeil, où chercher le repos ?
Sans excuser les crimes, ou ce que sont obligés de faire certains hommes durant les périodes de guerre, Émilienne Malfatto dénonce plutôt l'absurdité des conflits et ce qu'ils font à l'être humain. Magnifique texte qui remue !

Les enfants endormis (Anthony Passeron)

note: 5Récit intime et sociologique aux premiers temps du sida Lucie - 16 novembre 2022

Le récit que livre Anthony Passeron est un récit familial, plus précisément une interrogation autour d'un drame : la mort de Désiré, le frère de son père, des suites du sida. Les proches, établis dans une petite ville de l'arrière pays niçois, et aisés financièrement, ont tenté de garder secret cette maladie, entre déni, chagrin et honte. Les chapitres sur la famille alternent avec des chapitres relatant l'histoire de la recherche autour du sida. Ces derniers, écrits de façon très précise, presque documentaire, n'en restent pas moins accessibles, instructifs, et dévoilent la rivalité qui s'est construite entre les laboratoires français et américains, dans cette course contre la montre pour trouver un remède. L’histoire familiale retrace, elle, de façon sensible et bouleversante, l'entrée fracassante de la maladie et les chamboulements qui y sont liés : le choc, la honte, mais aussi le combat et les espoirs (souvent déçus) pour un traitement. Les deux histoires se font écho : la petite, qui touche à l'intime, et la grande, avec la recherche à l'échelle mondiale. En plongeant dans les secrets de cette famille de taiseux, obsédés par le travail et emmurés dans leur tragédie, Anthony Passeron livre un superbe roman sur une époque où le sida vous excluait et vous stigmatisait. Un premier roman puissant et important !

En salle (Claire Baglin)

note: 4L'aliénation du travail Lucie - 15 novembre 2022

Quand on est une enfant d’une famille modeste où le budget est très serré, aller au fastfood est vécu comme une fête.
Mais quand on a vingt ans et qu’on y travaille, l’envers du décor est beaucoup moins festif…
Dans « En salle », la narratrice jongle entre ses souvenirs d’enfance, dans une famille ouvrière, et sa description du travail d’été dans une chaîne de fast food. Le plaisir de l’enfance a disparu, ne reste que la recherche de rentabilité et la productivité à tout prix. Le parallèle avec le travail à l’usine de son père n’est pas loin : la pointeuse, les conditions de travail, le manque d’espoir.
Avec des phrases courtes et percutantes, Claire Bagin réussi ce premier roman décrivant le travail et l’aliénation qui en résulte.

Oeuvre non trouvée

note: 4Quand les fantômes nous hantent Lucie - 25 octobre 2022

Harry, un écrivain en mal d'inspiration, acquiert une maison délabrée dans un village reculé. Très vite, il va sentir une ambiance assez particulière dans le village : on l'évite, on l'ignore, les gens sont peu causants, et les rares personnes qui lui adressent la parole lui conseillent de se méfier de l'habitation se situant en face de chez lui. Au départ, Harry n'en tient pas compte. Mais peu à peu, il va entendre des bruits bizarres venant de cette ferme, et il va s'apercevoir qu'on est entré chez lui alors qu'il était au village...
Proche du thriller psychologique, ce roman joue avec les émotions, le ressenti, le passé/présent, avec un soupçon de surnaturel. On rentre dans cette histoire comme si on rentrait dans un village plein de brume et de mystères... Un beau roman d'atmosphère qui réussi à nous tenir en haleine.

Oeuvre non trouvée

note: 2Un hymne à la montagne et ses paysages Lucie - 21 octobre 2022

Vadim Pavlevitch fuit Paris au motif qu'il est asthmatique, pour se réfugier à Vallorcine, un village situé dans la vallée de Chamonix, et devient Vincent. Ainsi, il découvre pour la première fois la montagne et ses paysages. Le choc laisse place à l'éblouissement. Il va passer de longs mois dans une famille d'accueil avant de devoir repartir car la seconde guerre mondiale va rattraper cette région française...
Valentine Goby possède une magnifique écriture, l'histoire est belle mais les (très!) longues descriptions des paysages, des atmosphères, ont eu raison de ma patience. Le rythme contemplatif ne m'a pas émue, ni tenue en haleine...
Mais si vous êtes un(e) féru(e) de montagne et que vous appréciez les descriptions des paysages, ce roman sera pour vous !

Un miracle (Victoria Mas)

note: 4Apparitions en Bretagne Lucie - 21 octobre 2022

"Un miracle" est un roman polyphonique où les différents personnages ont pour point commun le fait d'attendre quelque chose du ciel. Il y a sœur Anne, qui attend que la Sainte Vierge lui apparaisse, Hugo, un passionné d'astronomie, et Isaac, un jeune complètement perdu depuis la mort de sa mère. Un jour, ce dernier annoncera "Je vois", et la population entend "Je vois la Vierge", et là le drame se met en place : déplacement des foules, jalousie des uns, folie des autres... L'équilibre de la région se trouve perturbée.
A la lecture de ce roman, même si le thème de la religion est évidemment très présent, cela est prétexte à raconter tout autre chose : le fanatisme des gens et comment une foule peut virer dans une violence forte. C'est plus un roman d'atmosphère, de ressenti. La lecture a été très agréable, mais j'ai préféré de loin le premier roman de Victoria Mas, "Le bal des folles".

Blackwater n° 1
La crue (Michael McDowell)

note: 5Une saga familiale teintée de fantastique Lucie - 12 octobre 2022

La saga Blackwater nous emmène aux Etats-Unis, dans l'Alabama, en 1919, où une crue vient de ravager la ville de Perdido.
Dans cette ville se trouve la famille Caskey, famille la plus puissante et la plus riche de la région, qui est dirigée par une femme, Mary-Love, qui tient son monde à la baguette.
Durant cette crue de 1919 va apparaitre une femme : Elinor. Fascinante par deux aspects : on ne sait pas qui elle est, elle-même reste assez évasive sur ses origines, et elle a les cheveux roux couleur de la boue de la rivière de Perdido. Elle va rapidement s'immiscer dans la société de Perdido et dans la famille Caskey, au grand désarroi de Mary-Love qui la déteste dès leur première rencontre.
Ainsi commence cette saga familiale qui va courir sur six ouvrages et nous emmener jusque dans les années 70. Les personnages du clan Caskey vont évoluer, il y aura des morts et des naissances, des mariages, des complots, et l'histoire du monde aura une incidence sur les destins. Il y a un vrai souffle romanesque dans cette saga, qui est teintée de fantastique, rendant l'ambiance très mystérieuse. Une fresque familiale avec une guerre de pouvoir et d'influence, marquée par les trahisons et les secrets, un cocktail réussi qui nous tient accro pendant les six tomes ! Un grand coup de cœur !

Cher connard (Virginie Despentes)

note: 3Un roman contemporain Lucie - 9 septembre 2022

Virginie Despentes revient avec un roman épistolaire qui parle de la société d'aujourd'hui. C'est un échange entre Oscar, écrivain à succès qui se retrouve accusé de harcèlement sexuel, et Rebecca, actrice qui doit faire face au manque de contrats.
Les premiers échanges sont francs, crus, parfois violents mais laissent peu à peu place à un dialogue qui va s'apaiser au fil des lettres. Dans leurs écrits, tous les thèmes d'aujourd'hui y passent : le mouvement MeToo, le Covid, les réseaux sociaux...
J'ai beaucoup aimé retrouver la plume toujours très acérée de Virginie Despentes, mais la partie sur l'addiction (et qui prend beaucoup de place dans ce roman !) m'a moins touchée, me laissant sûrement sur ma faim. Cela reste un roman cash sur notre époque.

Mahmoud ou La montée des eaux (Antoine Wauters)

note: 5Un texte d'une grande beauté ! Lucie - 19 août 2022

Antoine Wauters écrit ici un roman en vers libres, ce qui peut être assez déconcertant en commençant la lecture. Puis peu à peu, nous sommes transportés par ce texte magnifique qui nous entraine en Syrie, auprès de Mahmoud qui, tous les jours, plonge dans les ruines de son village englouti par le lac artificiel el-Assad. Il se remémore les temps plus doux, où la guerre n'était pas encore là, où les jours étaient heureux auprès de sa femme Sarah et ses enfants. Puis, des temps plus sombres sont arrivés, et la folie n'est pas loin...
Un texte d'une merveilleuse beauté, emprunt de poésie, qui rend un vibrant hommage à la douleur et aux espoirs du peuple syrien.

La bibliothèque de minuit (Matt Haig)

note: 4Et si vous aviez la possibilité de tester vos autres vies ? Lucie - 18 août 2022

Dans La bibliothèque de Minuit, nous suivons Nora, jeune femme triste et déprimée, qui vient de se faire licencier et... dont le chat vient de mourir ! Nora, au bout du rouleau, décide d'en finir avec la vie, mais elle va se retrouver dans un endroit étrange appelé "La bibliothèque de Minuit", qui se situe entre la vie et la mort. Ce lieu est tenu par une bibliothécaire que Nora a bien connu. Elle va lui proposer des livres, où à l'intérieur de ces derniers elle va avoir la possibilité d'essayer d'autres vies ! Les livres sont autant d'options qu'elle aurait pu prendre si elle avait pris telle ou telle décision. Elle va devenir tour à tour championne de natation, dans une autre vie chanteuse mondialement connue, ou encore gérante d'un bar...
Et Nora va se rendre compte que dans ces vies soi-disant "rêvées", d'autres problèmes surgissent, dont certains très graves !
Ce roman est original par son thème : nous avons tous pensé à un moment de notre vie : "Tiens, si j'avais pris telle décision, où serais-je aujourd'hui ?". Il y a une dimension philosophique, avec des citations qui nous encouragent à nous interroger sur nous-mêmes, la relation que l'on peut avoir avec les regrets de la vie.
Un très bon roman qui permet de positiver, qui est facile à lire. Et qui, sous ses airs de roman de "développement personnel", permet de raconter une belle histoire.

Sauvagines (Gabrielle Filteau-Chiba)

note: 4Quand le chasseur devient chassé... Lucie - 18 août 2022

Sauvagines nous entraîne au Québec, dans les forêts du Kamouraska, où vit Raphaëlle, garde forestière de 40 ans, et sa chienne Coyote. Nous découvrons une femme déjà usée par son métier, car elle ne peut empêcher le braconnage qui prend des proportions grandissantes, sans que les personnes ne soient inquiétées pour autant. Un jour, elle va retrouver sa chienne Coyote prise dans un piège, sur un gros site de braconnage, et elle va décider d'avertir le braconnier de cesser son activité. Mais quelques jours plus tard, Raphaëlle va retrouver des messages menaçants sur son lieu d'habitation, ainsi qu'une caméra. Elle se rend compte que maintenant, c'est elle la proie et qu'elle est en danger ! Le roman bascule dans une ambiance de thriller,où l'on ressent la menace permanente qui rôde dans cette forêt, et où la vie de Raphaëlle est clairement en danger. Elle va devoir mettre à profit sa parfaite connaissance des lieux pour s'en sortir.
C'est un roman puissant et prenant, mais aussi un récit engagé et militant pour la nature, qui ne tombe jamais dans le pathos.

Le poids des héros (David Sala)

note: 5La question de la transmission Lucie - 18 juin 2022

Dans cette bande dessinée, l'auteur David Sala nous plonge dans ses souvenirs d'enfance, qui ont été fortement marqués par les figures de ses grands-pères.
Le grand-père maternel espagnol a réussi à s'échapper de la guerre en Espagne, mais il sera arrêté plus tard en France pour être interné dans le camp de Mauthausen en Allemagne, où il parviendra à survivre.
L'autre grand-père, le grand-père paternel, était également espagnol et lui fut un héros de la guerre et de la résistance.
David Sala va grandir avec le poids, parfois écrasant, de ces deux figures familiales, qui ont échappé à la barbarie et à la mort.
Il rend hommage à ces grands-pères et en même temps il se déleste de ce poids familial, car cela n'a pas toujours été évident pour lui, il s'est posé beaucoup de questions : comment avancer dans la vie quand on est petit-fils de héros ? Comment donne-t-on du sens à sa vie, somme toute ordinaire ?
C'est une magnifique BD, avec des pages d'une grande beauté. L'auteur a grandi dans les années 70, nous retrouvons visuellement les éléments de ces années-là : le papier peint à fleur, la Citroën ami 8,les pantalons pattes d'eph,etc. Le graphisme et la palette de couleurs sont incroyables !

La carte postale (Anne Berest)

note: 5Une recherche mémorielle passionnante Lucie - 15 juin 2022

La mère d'Anne Berest (l'auteure du livre), reçoit un jour une carte postale anonyme sur laquelle sont notés 4 prénoms. Il s'agit de quatre membres de sa famille, tous morts en déportation pendant la Seconde Guerre mondiale.
A la suite de la réception de cette carte, Anne Berest va souhaiter retrouver l'expéditeur ou expéditrice, et pour cela, elle va reconstituer l'histoire familiale depuis la naissance de ses grands parents. Grâce aux archives et aux lettres retrouvées par sa mère, Anne Berest nous replonge dans cette recherche passionnante, qui aura un réel impact sur sa vie personnelle. Une quête de vérité qui nous permet de faire connaissance avec cette famille, et de poser aussi la question de la transmission et de la mémoire.
Ce roman est dense (500 pages), mais nous ne le lâchons pas, nous avons envie de savoir qui a pu envoyer cette carte et pourquoi. Un grand coup de coeur !

Inheritance games n° 1 (Jennifer Lynn Barnes)

note: 4Suspens autour d'un héritage Lucie - 15 juin 2022

Que feriez-vous si vous héritiez du jour au lendemain d'une fortune colossale, alors que vous ne connaissez même pas la personne qui vous lègue cette somme ? C'est ce qui arrive à Avery Grambs, lycéenne qui galère à joindre les deux bouts. Pour toucher cet héritage, elle va devoir vivre un an dans le manoir Hawthorne en compagnie des autres héritiers, qui ne lui veulent pas que du bien... Et là, le jeu commence !
Un très bon roman adolescent très efficace ! Nous sommes pris dans l'intrigue dès le début ! L'histoire se transforme en chasse aux trésors géante, dans ce manoir qui livre ses secrets au fur et à mesure. Nous avons envie de découvrir pourquoi Every a été choisie, et quel est son lien avec le milliardaire Tobias Hawthorne.

A(ni)mal (Cécile Alix)

note: 5Un roman choc sur le parcours d'un migrant Lucie - 1 juin 2022

Avec A(ni)mal, nous suivons le parcours de Miran, qui fuit un pays d'Afrique (jamais nommé) en proie à la guerre civile pour gagner la France, pays que son père décrivait comme une terre d'asile.
De son parcours, rien ne nous sera épargné : la violence des passeurs, le froid, la chaleur, la faim, les tortures physiques et mentales.
Tout ceci nous fait prendre conscience du danger et des risques que ces personnes (parfois très jeunes) prennent, pour une quête d'une vie meilleure.
Lecture parfois éprouvante, il y a cependant de l'espoir et beaucoup d'amour dans ces lignes, quand Miran a la chance de croiser sur sa route des personnes solidaires.
Une très belle écriture qui bouscule et bouleverse !

Te tenir la main pendant que tout brûle (Johana Gustawsson)

note: 4Thriller efficace ! Lucie - 27 mai 2022

Dans ce thriller psychologique, Johana Gustawsson nous emmène dans trois époques différentes.
La première histoire se déroule en 2002 au Québec au lac Clarence : Maxine Grant, inspectrice, est appelée sur une scène de crime affreuse puisque c'est son ancienne institutrice qui vient de tuer son mari à coups de couteau.
La deuxième histoire nous emmène à Paris en 1889 : nous suivons le personnage de Lucienne Lelanger qui, elle, vient de perdre ses deux filles dans un incendie. Mais vu que les corps n'ont jamais été trouvés, elle va refuser d'admettre leur mort.
À cette époque c'est la mode du spiritisme et sur les conseils d'une amie, elle va s'y initier pour tenter de les retrouver.
Enfin, nous retournons au Québec pour notre troisième héroïne, cela se déroule en 1949 et nous suivons Lila qui va faire une drôle de rencontre dans la maison de repos où travaille sa mère.
Nous sommes sur trois époques différentes avec trois destins qui, a priori, n'ont rien en commun.
C'est impossible de voir le lien qui unit ces trois femmes et pourtant...
C'est un thriller psychologique comme je les aime : au début nous sommes comme face à un grand puzzle et on se dit que les pièces ne s'emboîteront jamais. Et au fur et à mesure tout se met en place, et sincèrement je n'avais pas vu venir le final !
Les chapitres sont assez courts, avec une écriture qui va à l'essentiel, on est très vite happé par l'histoire. Enquête à rebondissements, tension, violence : ingrédients qui en font un polar efficace !

Ceux qu'il nous faut retrouver (Joan He)

note: 4Un roman ado dystopique au final surprenant ! Lucie - 27 mai 2022

Avec "Ceux qu'il nous faut retrouver", nous sommes au sein d'un monde dystopique où la majorité de l'humanité vit dans des éco-cités au-dessus de l'eau. Les gens peuvent assister aux réunions en hologramme, tout le monde est équipé d'un biomoniteur évaluant en temps réel sa santé, bref nous sommes en pleine science fiction. Kasey vit dans ce monde où elle a du mal à trouver sa place, et cette sensation s'accentue depuis la disparition de sa soeur Celia depuis quelques mois.
Sauf que... nous suivons également Célia, débarquée on ne sait comment sur une île déserte. Totalement amnésique et luttant quotidiennement pour sa survie, elle essaie tant bien que mal de retrouver la mémoire.
Nous alternons au fil des chapitres entre ces deux points de vue : j'avoue avoir été un peu déroutée au début, les deux mondes sont complètement à l'opposé l'un de l'autre, rendant la lecture parfois compliquée. Il faut du temps pour que l'intrigue se mettre en place, mais quand les pièces du puzzle commencent peu à peu à s'emboiter, j'ai été très enthousiasmée par l'histoire ! Le dénouement final est surprenant, et j'ai mieux compris pourquoi Joan He, l'auteure, avait pris son temps dans l'intrigue.
Tout s'accélère au milieu, après un rythme d'écriture plutôt calme (et qui m'a impatienté parfois !), ce qui rend ce roman de près de 500 pages assez passionnant !

La mer verticale (Brian Freschi)

note: 5Une magnifique BD traitant de la santé mentale Lucie - 24 mai 2022

India, jeune institutrice, souffre depuis longtemps de crises de panique : elle se sent partir, manque de souffle... Un jour, elle a une crise en pleine classe, et loin de trouver du soutien, les parents des élèves vont faire pression pour son licenciement...
India entame une thérapie et va apprendre à apprivoiser cet "ennemi intime", et finalement l'accepter.
Cette bande dessinée traite avec justesse et sensibilité de l'anxiété, et du chemin qu'il faut faire vers l'acceptation. Les moyens trouvés par l'héroïne pour s'en sortir et aller mieux sont très positifs, elle sort rapidement de son statut de victime et trouve une résilience au plus profond d'elle-même à travers un cheminement pas toujours évident (le thème de la mer et de la vague qui envahit tout est souvent reprise, d'où le titre de l'ouvrage). L'incompréhension des proches est aussi montrée.
Une magnifique bande dessinée sur un thème difficile à traiter !

La valise (Sophie Forte)

note: 4Un récit biographique touchant Lucie - 17 mai 2022

Sophie Forte n’est pas une inconnue dans le milieu culturel puisqu’elle a été tour à tour chroniqueuse de radio, chanteuse, humoriste et actrice de théâtre.
Elle écrit ce roman à la suite d’une découverte qu’elle fait dans une ancienne valise : elle va retrouver plein de photos anciennes de sa famille, et cela va faire remonter tous ses souvenirs d’enfance.
Nous allons plonger avec elle dans son univers, son enfance, qui s’est déroulé à Lyon, dans le quartier de la Croix Rousse. Les personnes de cette famille, dont certains sont de sacrés personnages, vont vraiment rythmer le récit et rendre ce roman si attachant !
Je pense notamment à son père, qui a eu un destin assez particulier : après avoir été licencié de la compagnie de taxi où il travaillait, car il avait éjecté de son taxi un client qui lui demandait d’arrêter de fumer, il va tomber en dépression et rester sur le canapé du salon toute la journée. Sa femme, qui était une femme très active (elle tient un magasin de robes de mariées dans Lyon), n’en pouvant plus de le voir se morfondre, lui donne l’idée un jour de peindre. Il va s’y mettre sans conviction, mais il va se révéler très doué et connaitre son succès auprès de galeries et d’amateurs d’art !
On oscille entre ces scènes de vie et le destin de Sophie Forte, qui révèle depuis toute petite des talents pour la scène. Dès le plus jeune âge, elle aime faire le pitre et faire rire les autres.
Par la suite, elle va monter à Paris, elle sera chroniqueuse radio dans l’émission Rien à cirer de Laurent Ruquier sur France Inter, puis deviendra humoriste et montera sur les planches.
On suit toujours l’évolution de sa famille, Sophie Forte raconte notamment l’arrivée de la maladie d’Alzheimer chez sa mère, qui restera un grand drame.
Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est la présence des photos en noir et blanc dans le livre, ce qui nous permet de visualiser les personnes.
Sophie Forte raconte aussi à travers ses anecdotes la France des années 60 et 70, entre des scènes très drôles et d’autres beaucoup plus tragiques. On s’attache à cette famille tout au long de la lecture.

Le Goût du temps dans la bouche (Séverine Vidal)

note: 4Un secret familial bien gardé Lucie - 29 mars 2022

Nous commençons l'histoire avec Nico, en 2012, qui s'est exilé en Suède après avoir rompu les liens avec sa famille pour un motif dont nous ne connaissons pas l'origine. Cela semble être très grave et un lourd passé familial l'empêche de vivre pleinement, même loin de la France.
Les révélations vont arriver au fur et à mesure du récit, en remontant le temps, pour nous emmener jusque dans les années 1913.
Tout au long de ces passages, nous allons en apprendre plus sur les membres de cette famille, leur enfance, leurs tourments,leurs amours, pour enfin connaître l'origine du secret qui a accompagné ces générations jusque dans les années 2020.
C'est une très belle histoire que nous avons là ! Séverine Vidal joue avec les différents personnages et les époques pour nous livrer un roman familial à la fois prenant et touchant. Au départ, je pensais que ce fameux secret était assez évident et nous était suggéré très (trop ?) rapidement, mais j'ai finalement été surprise par un rebondissement qui donne une tonalité plus grave et sensible à l'histoire. Un roman que je vous conseille vivement !

La valse des petits pas (Claire Renaud)

note: 4Une soirée à la brasserie Lucie - 29 mars 2022

Ce roman se déroule sur une soirée, dans une brasserie parisienne où plusieurs couples sont en train de dîner.
Claire Renaud va nous présenter ces personnages et ce sera l'occasion de découvrir plusieurs vies et destins : certains tragiques, d'autres plus optimistes, donnant chacun une vision différente de l'amour (certains sont sur le point de se séparer ; d'autres d'apprendre une bonne nouvelle ; ou encore c'est une soirée où il est temps de faire le point ; etc)
Le fil rouge de cette soirée sera Cyril, le barmaid, qui tente désespérément de faire comprendre à Marion, la serveuse, qu'il aimerait bien partager plus que ces quelques heures de travail au restaurant avec elle.
J'ai beaucoup aimé ce roman plein de tendresse, mais qui ne cache pas certaines réalités brutales de la vie de couple. Les personnages sont tour à tour attachants ou détestables, on ne s'ennuie pas et on aimerait bien aller manger dans cette brasserie ! Un roman court que je vous conseille !

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes (Lionel Shriver)

note: 3De la performance à l'absurde Lucie - 29 mars 2022

Remington et Serenata forment un couple de sexagénaires vivant une situation particulière : lui vient de se faire licencier, et profite de ce moment difficile pour se consacrer à une nouvelle passion : le running ! Petite précision : il n'a jamais couru de sa vie, il n'est même pas sportif. Et ce n'est pas simplement le tour du pâté de maison qu'il vise mais... Un marathon ! Rien n'arrêtera Remington dans son objectif.
C'est le début de la surenchère : achats frénétiques de matériels très chers, quête d'une performance toujours repoussée, aide dune coach sportive, etc. En face, Sereneta se retrouve déboussolée, car avant que ses genoux plein d'arthrose l'empêchent de faire du sport, c'était elle qui enchaînait les kilomètres de course et de vélo, mais sans jamais en parler à quiconque ni chercher à en faire une compétition.
À travers ce roman, Lionel Shriver se moque avec un humour très incisif et féroce de la recherche de la performance sportive à tout prix et du culte du corps.
Elle dézingue également la religion (plus particulièrement évangélique) et aborde le mouvement féministe sous un angle assez critique. Bref, ce roman ne laisse pas indifférent !
Même si j'ai plutôt eu l'impression de lire un roman défouloir/règlement de comptes sur la société américaine d'aujourd'hui, j'ai passé un bon moment de lecture. Le style caustique et ironique m'a fait sourire plus d'une fois.

Celui qui veille (Louise Erdrich)

note: 4Empêcher "la termination" Lucie - 10 mars 2022

« Celui qui veille », récompensé par le Prix Pulitzer 2021, est un roman directement inspiré de l’histoire familiale de son autrice Louise Erdrich, plus particulièrement de l’engagement politique de son grand-père, Patrick Gourneau.
En 1953, les Etats-Unis adoptent la Résolution 108, qui stipule que les Indiens seront émancipés et assimilés dans la culture américaine (la "Indian Termination policy"). Mais derrière ces termes se cache une volonté cruelle : « effacer » les tribus autochtones en mettant fin à la reconnaissance de leur souveraineté, et supprimer leur statut d’indiens.
Thomas, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain (et personnage inspiré du grand-père de l’autrice) va combattre cette loi de façon strictement légale en préparant une audience qui le mènera à Washington.
En parallèle, nous suivons la vie de Pixie (dite Patrice), qui est la nièce de Thomas. Elle s’est promis de toute faire pour sauver sa sœur Véra, partie en ville il y a quelques temps, et dont elle est sans nouvelles, si ce n’est des « visions » nocturnes, qui n’augurent rien de bon pour la jeune femme. Toute la force de ce roman tient dans la détermination de ces deux héros. Beaucoup de thèmes sont abordés (amour, identité, la violence, l’alcoolisme, les enlèvements de femmes…) pour mieux cerner ce que la culture amérindienne a subi au fil des siècles.
La lecture n’est pas toujours évidente, il y a beaucoup de personnages, les chapitres alternent avec des points de vue différents, il y a des termes indiens, mais une fois que nous avons saisi qui est qui, et sa place dans l’histoire, nous sommes pris dans ce roman ! J’ai été très touchée par l’engagement et la puissance de ces personnages. Louise Erdrich sait magnifiquement parler de ses origines.

Le gosse (Véronique Olmi)

note: 4L'horreur des bagnes pour enfants Lucie - 25 février 2022

Joseph est un titi parisien de 7 ans, un peu maigrelet et timide, mais qui vit heureux avec sa mère et sa grand-mère. Son père, gueule cassée décédé peu après la Première guerre mondiale, il ne l'a quasiment pas connu.
Hélas, le bonheur s'effondre quand Colette, sa mère, meurt à la suite d'un avortement clandestin. Peu de temps après, la grand-mère est emmenée à l'asile et Joseph devient donc pupille de l'état, un enfant de l'assistance publique.
Il sera d'abord placé dans ce que l'on appelait une "famille nourricière", en Picardie, où il travaillera dans une ferme. Après une tentative de fugue, il sera emprisonné à la Petite Roquette, puis conduit à la colonie pénitentiaire de Mettray.
Dans ces différents endroits, Joseph connaîtra des heures terribles : humiliations, violence, cruauté des surveillants... Dans cet enfer, il trouvera deux réconforts : la musique, et Aimé, un autre enfant dont l'amitié et l'amour vont lui permettre de tenir dans les moments les plus sombres.
À travers ce récit, Véronique Olmi nous entraîne dans l'horreur qu'étaient les bagnes pour enfants : au départ construite avec de bonnes intentions, la colonie de Mettray deviendra au fil des années un endroit d'une grande violence. Un des gardiens, Guepin, qui a réellement existé, serait suspecté de plusieurs morts d'enfants. Il faudra attendre 1936 et les écrits d'Alexis Dunan, journaliste, pour dénoncer ces établissements et interpeller l'opinion publique et les politiques sur les agissements des directeurs et des gardiens.
Parfois éprouvante à lire, cette histoire se déroulant dans l'entre deux guerres n'en reste pas moins un texte fort, qui laisse aussi la place aux événements historiques de l'époque : le front populaire, les grèves, la montée du fascisme, les premiers congés payés.... Un roman cru et puissant, mais aussi une belle histoire d'amour.

Le pays des autres n° 2
Regardez-nous danser (Leïla Slimani)

note: 4Suite de la saga marocaine Lucie - 25 février 2022

Dans ce deuxième tome de la saga "Le pays des autres", nous retrouvons Mathilde, l'alsacienne, qui a tout quitté pour suivre Amine au Maroc, après la seconde guerre mondiale.
Le récit se déroule 20 ans après le premier tome et se concentre plus particulièrement sur leurs enfants Aïcha et Selim.
Aïcha est partie à Strasbourg faire des études de médecine, ses parents en sont très fiers, et même si elle a des volontés d'émancipation, Aïcha fera tout pour leur plaire et réussir. Quand à Selim, écrasé par la réussite de sa sœur et la comparaison incessante avec elle, il peine à trouver sa voie et ne pense qu'à fuir son père avec qui il rentre souvent en conflit.
À travers cette saga familiale, c'est l'histoire du Maroc que nous raconte Leila Slimani : l'arrivée des communautés hippies, la répression et la violence du règne de Hassan II, les tentatives de coup d'état, etc.
L'autrice fait également évoluer ses personnages principaux : Mathilde et Amine sont finalement devenus riches mais leur embourgeoisement ne s'accompagne pas pour autant du bonheur espéré...
J'ai pris autant de plaisir dans ce deuxième tome, qui mêle fiction et événements historiques. J'attends avec impatience la suite de la trilogie !

Les années glorieuses n° 1
Le grand monde (Pierre Lemaitre)

note: 4Plongée dans les années d'après guerre Lucie - 16 février 2022

Quel plaisir de retrouver l'écriture de Pierre Lemaître ! J'aime beaucoup son style et ses personnages en prise avec l'Histoire.
Dans cette nouvelle saga, nous suivons la famille Pelletier, installée à Beyrouth, où l'usine fondée par le père Louis est très prospère. Cependant, aucun de ses enfants ne prendra la relève, pour diverses raisons, et chacun fera son chemin, en se mettant dans des situations plus ou moins heureuses. Jean, l'aîné, n'a pas la fibre commerciale et préfère faire sa vie à Paris ; François est promis à de grandes études mais il préfèrera une autre voie ; Étienne ira en Indochine, par amour, mais il découvrira là-bas une réalité sordide; et enfin Hélène est trop jeune pour les affaires.
Nous lisons ici un grand roman d'aventures qu'il est difficile de résumer, mais nous retrouvons le même plaisir à voir les genres littéraires mêlés : enquête, drame, humour... pour nous donner un récit foisonnant !
Et pour finir... une révélation vous attend en fin d'ouvrage, je vous laisse la découvrir !

La décision (Karine Tuil)

note: 4Plongée vertigineuse dans le quotidien d'une juge antiterroriste Lucie - 8 février 2022

Après "Les choses humaines", qui abordait le mouvement #Metoo, Karine Tuil s'intéresse à un sujet ô combien difficile : le terrorisme islamique.
Dans cette tragédie contemporaine, nous suivons Alma, juge d'instruction antiterroriste, qui est amenée à se prononcer sur la libération, ou non, d'un jeune homme revenu de Syrie. S'ajoute à cette décision compliquée : son mariage à l'agonie, les menaces quotidiennes de mort dont elle est victime, et sa liaison avec l'avocat qui représente l'homme mis en examen.
Ainsi, s'ajoute au dilemme professionnel le dilemme personnel...
J'ai beaucoup aimé découvrir "l'envers du décor" et le métier de juge d'instruction terroriste, je trouve que Karine Tuil traite les sujets de société à travers la fiction de façon intelligente et analysée, à la limite du documentaire, mais qui n'en est jamais un.
Alternant le quotidien épuisant de cette juge avec des retranscriptions d'interrogatoire, elle son récit à la fois accessible et extrêmement précis. Nous sommes dans la psyché d'Alma, nous participons d'une certaine manière à sa décision et comprenons combien le poids de la responsabilité est immense, puisqu'en découle la sécurité de la nation.
La tension monte au fur et à mesure du roman, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander "Et moi ? Quelle décision aurais je pris ?".
Malgré une fin peut-être un peu "convenue", je n'ai pas lâché ce récit et j'en suis ressortie sonnée.

Oeuvre non trouvée

note: 4Un très beau roman Lucie - 8 février 2022

Yui, animatrice de radio au Japon, a perdu sa fille et sa mère lors du tsunami du 11 mars 2011. Quelques années plus tard, alors qu'elle anime une émission consacrée au deuil, un auditeur va parler d'un endroit spécial niché dans un jardin : le téléphone du vent.
Il s'agit d'une cabine téléphonique qui n'est pas branchée, les gens viennent pour s'adresser à des personnes disparues.
Pour Yui, c'est la révélation : peut être que dans cet endroit, elle trouvera enfin une manière de faire son deuil et d'y trouver une forme de paix ?
S'inspirant d'un endroit qui existe réellement, l'auteure nous livre un roman plein de pudeur et de délicatesse sur le thème du deuil. Les différents personnages m'ont beaucoup touché. C'est aussi un hymne aux petits bonheurs de la vie, de l'importance du moment présent, et cela nous montre que, même si nous n'oublions jamais nos défunts, la vie continue.

Numéro deux (David Foenkinos)

note: 4Comment vivre avec l'échec Lucie - 3 février 2022

Qu'est devenu le jeune acteur qui n'a pas été choisi pour le rôle d'Harry Potter ? C'est ce qu'imagine David Foenkinos à travers son roman "Numéro deux".
Car oui, Martin Hill, 10 ans, restera à jamais le numéro deux, celui qui n'a pas été sélectionné et qui, loin de pouvoir oublier, va subir le succès mondial de la saga à travers la célébrité de Daniel Radcliffe, le détenteur du rôle phare. Le monde entier lui rappelle, à chaque sortie de roman ou de film, son échec passé.
À travers ce récit, l'auteur interroge les notions de rejet et d'échec, et comment ces derniers peuvent avoir des conséquences sur la confiance en soi et le conditionnement d'une vie. Comment trouver la résilience ? Comment aller de l'avant et cesser de s'imaginer à quoi aurait pu ressembler sa vie si le destin en avait décidé autrement ?
Que l'on croit ou non au personnage de Martin Hill, ce roman reste un bon moment de lecture ! L'écriture est teintée d'humour, et l'histoire est ponctuée d'anecdotes véridiques sur la saga Harry Potter. Même si vous n'avez jamais lu cette série d'ouvrages, le récit reste accessible.

La sans-visage (Louise Mey)

note: 4Un roman sur le harcèlement Lucie - 1 février 2022

Cette colonie de vacances sportive, Clara n'en avait pas tellement envie... Mais c'était une bonne occasion de passer du temps avec Aïssa, sa meilleure amie, alors pourquoi pas ? C'est parti pour des journées vélo, randonnées et jeux collectifs!
Très vite, elle va se rendre compte qu'une des participantes, Éléonore, est la cible de harcèlements répétés de la part des autres adolescents du groupe.
Le récit va se poursuivre sous la forme de flash-back entre le moment où Éléonore disparaît, et les jours qui ont précédé le drame. Clara se questionne, avec un malaise grandissant : même si elle n'a pas participé au harcèlement de la jeune fille, elle n'a rien tenté pour prévenir les moniteurs, et n'est jamais intervenue... Aurait elle donc aussi des choses à se reprocher ? Sans pointer du doigt ni culpabiliser, "La sans-visage" pose la question de la responsabilité de ceux qui se taisent et des phénomènes de groupe qui conduisent à la violence.
Cela raconte aussi comment, de manière insidieuse, un comportement violent peut, petit à petit, trouver son chemin sans que personne ne trouve à redire. Clara est une ado comme beaucoup d'autres, elle pense qu'après tout, Éléonore l'a peut être cherché, et que ce n'est pas si grave. Jusqu'au jour où...
Une lecture indispensable.

Les amants d'Hérouville (Yann Le Quellec)

note: 5Amour et rock'n'roll Lucie - 18 janvier 2022

Cette bande dessinée nous raconte une histoire vraie. Elle se déroule à Hérouville, dans l’Oise, plus précisément au château d’Hérouville, où se sont situés les studios qui ont accueillis les plus grandes stars des années 70 et 80.
Nous sommes en juin 1970 quand débute le récit. Marie Claude, notre héroïne, fait du stop pour rentrer chez ses parents à Magny en Vexin. C’est Michel Magne, dans sa Porsche blanche, qui va s’arrêter.
Qui est Michel Magne ? Né à Lisieux en 1930, dans le Calvados, c’est un chef d’orchestre et compositeur, qui réalisera pas moins d’une centaine de musiques de films.
Parmi ces films, il y a de très grands classiques, par exemple : Un singe en hiver, les Tontons flingueurs, Fantômas et j’en passe ! Il achètera le château d’Hérouville en 1962, mais c’est en 1969 que ce dernier va se transformer en premier studio résidentiel de France.
Pour revenir à notre histoire, Marie Claude Calvet est prise en auto-stop par Michel Magne, elle a 17 ans et lui a besoin d’une baby sitter pour ses enfants. Elle sera embauchée, restera au château, puis finira par vivre une histoire d’amour avec Michel et l’épouser.
Cette grande histoire d’amour va connaitre en parallèle l’immense succès des studios d’Hérouville puisque Michel Magne parviendra à y faire enregistrer les plus grandes stars, notamment : David Bowie, Johnny Hallysay, Elton John, Iggy Pop, et biens d’autres. Ce qui fait la réputation de ces studios, c’est que les artistes y sont très bien traités.
Michel Magne ne regarde pas à la dépense et c’est également ce qui va causer sa perte : il va se retrouver endetté et il perdra les droits d’exploitation de ses bandes magnétiques.
Son amour pour Marie Claude ne le sauvera pas et il va trouver la mort de façon tragique à Cergy en 1984.
Pourquoi cette BD est aussi passionnante ? Car en plus d’être le reflet d’une époque, elle est ponctuée de photos tirées des archives personnelles de Marie Claude Magne, des articles de journaux et des éléments biographiques qui nous permettent de mieux situer le contexte de l’histoire. C’est une BD très fouillée et documentée !
Il y a aussi des anecdotes très amusantes, je pense notamment au moment où Michel Magne et son équipe font croire à Elton John que le château est hanté par les fantômes de Georges Sand et Chopin !
Une plongée au cœur de la culture pop des années 50 à 80, que je vous recommande !

La maison de Bretagne (Marie Sizun)

note: 4Il y a des maisons qu'il faut garder Lucie - 12 janvier 2022

L'histoire nous emmène en Bretagne, où l'héroïne, Claire, doit se rendre afin de vendre la maison de vacances familiale où elle avait l’habitude de passer ses étés étant plus jeune.
Cette « maison de Bretagne », Claire veut la céder au plus vite, elle pense qu’en huit jours se sera réglé, d’ailleurs elle n’est pas enthousiaste à l’idée d’y retourner, c’est une demeure où il y a trop de souvenirs, trop de rancœurs, de chagrin qui y sont associés. Elle n’a jamais fait de travaux pour la rafraichir ou la mettre au goût du jour. Bref, Claire veut s’en débarrasser !
Cependant, quand elle va arriver, elle va trouver un cadavre dans la chambre, le corps d’un jeune homme qui va lui faire aussitôt penser à son père. Ce père dont elle n’a plus aucune nouvelle depuis de nombreuses années puisqu’il les a abandonnées, elle, sa mère et sa sœur, quand elle était petite.
Bien évidemment, il est impossible que ce soit son père dans ce lit mais cet événement va avoir deux répercussions : Claire va être obligée de rester en Bretagne quelques jours de plus pour pouvoir collaborer à l’enquête, ce qui ne la réjouit pas du tout, et deuxièmement, cela va remuer en elle des souvenir enfouis qu’elle pensait oubliés pour toujours.
Ce n’est pas un polar mais bien un roman ici, qui a pour toile de fond la famille et ses secrets. Le récit se lit comme le journal intime de Claire, qui revisite par la force des choses son enfance douloureuse, marquée par l’abandon du père, le traumatisme de la mère et la dérive de sa sœur.
En parallèle de cette reconstruction, il y a la Bretagne bien sûr, avec ses paysages et cette ambiance hors saison, cette Bretagne belle et sauvage, qui donne une tonalité assez étrange au roman, presque fantastique.
Il ressort de tout ceci un récit sensible et mélancolique que je vous conseille vivement !

Oeuvre non trouvée

note: 4Un enterrement très drôle ! Lucie - 11 janvier 2022

Qui aurait pu imaginer qu'un enterrement puisse être si drôle ? Stéphane Carlier a réussi avec cet ouvrage !
Nous sommes conviés à l'enterrement de Serge, pauvre gars qui a connu pas mal de déboires dans sa vie... Et pour mieux connaitre cet homme, nous allons suivre une galerie de personnages : Gilberte, sa mère, qui se prépare à faire une annonce fracassante ; Brigitte, sa sœur, obsédée par une future donation ; Bernard, son beau-frère, qui ne digère pas le fait que Serge ne lui ait jamais remboursé une dette, etc. Toutes ces personnes vont se montrer à la fois touchantes, drôles, pathétiques, losers ou maladroites.
Cela donne un roman très drôle, émouvant, avec un regard à la fois caustique et bienveillant sur la famille.

Un hiver à Wuhan (Alexandre Labruffe)

note: 4Récit documentaire Lucie - 11 janvier 2022

Dans cet ouvrage, Alexandre Labruffe nous partage les souvenirs de ses séjours en Chine, en commençant en tant que contrôleur qualité en 1996, pour finir comme attaché culturel à l'automne 2019 à Wuhan. Wuhan : ville réputée pour être l'une des plus polluée du pays, avec des allures de science fiction, entre buildings futuristes et quartiers délabrés. Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est le choc culturel ressenti par le narrateur, choc pouvant aller jusqu’à la paranoïa (il pense que l'on a introduit un logiciel espion dans son portable). Il nous décrit avec beaucoup d'humour comment l'Empire du Milieu est devenu cette hyperpuissance économique, mais qui cache bien ses travers... Le narrateur sera également témoin de l'arrivée du Covid, mais il partira avant son expansion en Chine.
Passionnant !!

Rien ne t'appartient (Nathacha Appanah)

note: 4Un roman tsunami Lucie - 7 janvier 2022

Depuis la mort de son mari Emmanuel, Tara perd la tête. Recluse dans son appartement, elle a cessé de se laver, de s’alimenter, de ranger, et a des visions d’un jeune garçon assis sur un fauteuil. Son beau-fils Eli tente de prendre soin d’elle, en vain. Avec le deuil de son époux, Tara voit remonter à la surface sa vie « d’avant », son passé dans un pays ravagé et où elle a survécu au pire. Là-bas, Tara était « Vijaya », petite fille à l’enfance heureuse mais, dans un pays en proie aux tensions politiques, elle va voir ses parents se faire assassiner, puis elle sera emmenée dans un refuge où l’on place les « filles gâchées ». La vie y est rude et sans tendresse, jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle pensionnaire, si frêle, que Vijaya va prendre sous son aile. Roman d’une grande sensibilité sur le destin incroyable d’une femme, Nathacha Appanah parvient au travers d’un court récit à nous happer avec cette histoire à la fois violente et touchante. Tout est dit en peu de pages, avec des thématiques fortes telles que : le deuil, le traumatisme, l’enfance, le corps, la mémoire et la mort. Magnifique roman de cette rentrée littéraire 2021 !

La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)

note: 5Un Goncourt 2021 puissant Lucie - 14 décembre 2021

Un jeune écrivain sénégalais part sur les traces d'un auteur maudit, qui a écrit un texte en 1938 pour lequel il a eu beaucoup de succès, mais qu'une accusation de plagiat va définitivement arrêter dans son envol. Il est ici question de rapport à la littérature et de la solitude de l'écrivain. Au premier abord, je pensais m'ennuyer mais... absolument pas ! J'ai été emportée par cet éblouissant roman et me suis passionnée dans la recherche de T.C Elimane, l'auteur paria. Tout en évoquant les fléaux du 20ème siècle (Première Guerre Mondiale, Shoah, Colonisation) le roman joue de différents styles avec brio : à la fois enquête policière, témoignage, conte, roman initiatique. Parfois difficile d'accès, Mohammed Mbougar Sarr jongle avec les mots pour nous transmettre un ouvrage puissant.

S'adapter (Clara Dupont-Monod)

note: 5Ode à la fraternité Lucie - 10 décembre 2021

Clara Dupont-Monod, en s’inspirant de sa propre histoire, nous raconte l’arrivée dans une famille d’un enfant handicapé et le bouleversement que cela va engendrer.
Le handicap n’est jamais nommé, nous savons simplement que c’est un enfant qui ne peut pas marcher, ne voit pas, ne bouge pas, il peut seulement entendre et il mange très difficilement.
Le livre est découpé en trois parties et donc en trois personnages : les deux frères de l’enfant et la sœur.
Et tous les trois vont avoir des réactions complètement différentes face à cet enfant inadapté : un immense amour protecteur de la part du frère ainé, le refus et la colère de la part de la sœur, et enfin la volonté de réparer la famille de la part du dernier frère. Nous suivons le cheminement de leurs émotions et la façon dont ils vont "s'adapter" face à la situation.
Ce roman est une déclaration d’amour à la fratrie, le lien si particulier entre les frères et sœurs, c’est l’amour aussi de la nature, car ce roman se déroule dans les montagnes cévenoles, et, à la manière d’un conte, ce sont les pierres qui racontent l’histoire.
L’auteure nous livre aussi une critique de la bureaucratie française et dénonce les difficultés que peuvent rencontrer les familles avec un enfant handicapé face à une administration souvent compliquée.
C’est un magnifique ouvrage, rempli d’émotions, très bien écrit, un vrai coup de cœur que je recommande à tous.

Blizzard (Marie Vingtras)

note: 5Un huis clos hivernal saisissant Lucie - 10 décembre 2021

Ce roman se déroule en Alaska, où une jeune femme et un enfant se retrouvent en pleine tempête. Alors que cette dernière lâche la main du jeune garçon, le temps de refaire ses lacets, celui-ci va disparaitre et s’engage alors une course effrénée pour le retrouver.
D’autres habitants vont prendre part à cette recherche et nous allons les suivre, chapitre par chapitre, dans cette course contre la montre et surtout contre la mort.
Pourquoi ce livre est si intéressant ? Car nous allons découvrir, au fur et à mesure de l’ouvrage, les raisons qui ont poussé les personnages à venir vivre dans cet environnement très hostile, car on ne décide pas par hasard de venir s’isoler en Alaska... Les conditions de vie sont très compliquées, surtout en période hivernale.
C’est un roman assez court, qui fait moins de 200 pages, et qui nous emporte dans un huis clos saisissant, que l’on a du mal à lâcher.
On est emporté par ces histoires individuelles, souvent rudes, et on imagine les paysages de cet Alaska en plein hiver, à la fois mystérieux et d’une grande beauté aussi.

Rien ne t'appartient (Nathacha Appanah)

note: 4Un roman tsunami Lucie - 29 septembre 2021

Depuis la mort de son mari Emmanuel, Tara perd la tête. Recluse dans son appartement, elle a cessé de se laver, de s’alimenter, de ranger, et a des visions d’un jeune garçon assis sur un fauteuil. Son beau-fils Eli tente de prendre soin d’elle, en vain. Avec le deuil de son époux, Tara voit remonter à la surface sa vie « d’avant », son passé dans un pays ravagé et où elle a survécu au pire. Là-bas, Tara était « Vijaya », petite fille à l’enfance heureuse mais, dans un pays en proie aux tensions politiques, elle va voir ses parents se faire assassiner, puis elle sera emmenée dans un refuge où l’on place les « filles gâchées ». La vie y est rude et sans tendresse, jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle pensionnaire, si frêle, que Vijaya va prendre sous son aile. Roman d’une grande sensibilité sur le destin incroyable d’une femme, Nathacha Appanah parvient au travers d’un court récit à nous happer avec cette histoire à la fois violente et touchante. Tout est dit en peu de pages, avec des thématiques fortes telles que : le deuil, le traumatisme, l’enfance, le corps, la mémoire et la mort. Magnifique roman de cette rentrée littéraire 2021 !

Seule en sa demeure (Cécile Coulon)

note: 4Huis clos oppressant Lucie - 28 septembre 2021

Le roman se déroule au XIXème siècle. Nous suivons l'histoire d'Aimée, jeune femme de 18 ans, qui va épouser Candre, un riche propriétaire terrien, très pieu, peu bavard et mystérieux. Celui-ci a déjà été marié, mais sa première femme est morte de tuberculose. Quand Aimée arrive sur le domaine, elle fait la connaissance des lieux et des domestiques, Henri et son fils Angelin. Rapidement, Aimée se sent mal à l'aise dans ces lieux, a du mal à trouver sa place et va peu à peu découvrir que de lourds secrets planent sur la propriété. Maniant habilement les codes du récit gothique, Cécile Coulon sait rendre l'ambiance oppressante et la tension de ce huis clos palpable. Sans être original, le roman parvient à vous happer avec son atmosphère mystérieuse. Même s'il m'a semblé que l'ambiance primait sur l'histoire, j'ai passé un très bon moment de lecture !

La porte du voyage sans retour (David Diop)

note: 4Mystérieuse Afrique Lucie - 22 septembre 2021

David Diop s'inspire de la vie du botaniste Michel Adanson, plus particulièrement sur un épisode de sa vie : son exploration du Sénégal quand il aspirait à devenir membre de l'Académie royale des sciences de Paris. Mais c'est bien une fiction qui est écrite ici : l'histoire d'un homme qui, intrigué par l'histoire du fantôme d'une jeune africaine, va décider de partir à sa recherche, puis finalement en tomber amoureux. Cet amour va réveiller en lui une révolte contre la traite des noirs. David Diop manie superbement la plume : à travers ce récit, j'ai eu l'impression de lire un conte africain, mélangeant le folklore, les proverbes et les coutumes du pays. Également plaidoyer contre la colonisation, cette histoire d'amour tragique m'a fait passer un excellent moment de lecture, même si je n'ai pas autant été bouleversée que pour Frère d'âmes, son précédent roman.

Les enfants sont rois (Delphine de Vigan)

note: 4L'ère des réseaux sociaux Lucie - 1 avril 2021

Mélanie et Clara sont adolescentes au moment où la téléréalité arrive en France, avec l’émission Loft Story. A l’âge adulte, Mélanie va vouloir devenir célèbre par le biais de cette téléréalité mais seule elle n’y parvient pas. Elle va pourtant finir par rencontrer un succès fulgurant quand elle va créer une chaîne Youtube qui met en scène ses enfants Sammy et Kimmy, à travers des vidéos promotionnelles.
De son côté, Clara mène une vie complètement différente puisqu’elle travaille dans la police et c’est quelqu’un de solitaire.
Ces deux femmes, qui n’ont rien en commun, vont voir leur chemin se croiser suite à un événement dramatique : Kimmy, la fille de Mélanie, est kidnappée, et Clara participe activement à l’enquête.
Une course contre la montre s’engage alors pour retrouver l’enfant, car les premières heures sont souvent déterminantes lors des rapts d’enfants. Mais il faut aussi gérer en parallèle les réseaux sociaux et ne pas faire ébruiter la nouvelle…
Avec un roman à la fois contemporain, polar, et roman d’anticipation, Delphine de Vigan a réussi à aborder un fait de société encore peu documenté qui est le phénomène des enfants stars sur internet, en particulier sur Youtube.
Cette surexposition des plus jeunes sur les réseaux sociaux posera sûrement des problèmes de législation (droit à l’image, rémunération des enfants, …). L'auteure nous fait réfléchir et prendre conscience de certains comportements qui pourraient être destructeurs dans les années à venir. Très efficace !

Les évasions particulières (Véronique Olmi)

note: 4Saga familiale dans les années 70 Lucie - 1 avril 2021

Nous suivons dans cette histoire trois sœurs : Sabine, Hélène et Mariette, durant la décennie de 1970 à 1981.
Trois destins différents : Sabine va monter à Paris pour devenir comédienne ; Hélène va suivre des études pour devenir biologiste et s’engager pour la cause animale ; et Mariette, qui est la plus jeune avec une santé fragile, va rester auprès de ses parents.
A travers ces trois vies, le lecteur va vivre ou revivre les grands événements des années 70, par exemple : la légalisation de l’avortement, la catastrophe de l’Amoco Cadiz, les manifestations contre la guerre du Vietnam, mais aussi le début de la lutte du Larzac, pour finir en 1981 avec l’élection de François Mitterrand.
Véronique Olmi raconte la traversée de cette fin de siècle à travers tous ces combats, elle écrit aussi un roman d’émancipation à une époque où les jeunes et les femmes voulaient faire entendre leur voix.
Lecture très intéressante, car même si je n’ai pas connu cette période, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage ! Les personnes qui ont vécu pendant ces années pourront retrouver les événements dont ils ont été spectateurs ou acteurs.

La discrétion (Faïza Guène)

note: 4La discrétion... ou l'effacement devant les petites humiliations ? Lucie - 30 janvier 2021

Faïza Guène nous raconte l'histoire de Yamina, femme d'origine algérienne de presque 70 ans, ainsi que de ses quatre enfants. Yamina est discrète, elle ne se plaint jamais, même devant des situations humiliantes, teintées de racisme à peine voilées. Elle a beaucoup d'amour à offrir à ses enfants. Ces derniers font partie de la génération qui porte la colère, qui a l'impression d'être nulle part chez elle. Nous allons suivre chacun de ces destins, et au travers de ce récit c'est un hommage aux femmes qui éduquent, aiment ces enfants qui réclament une identité, une reconnaissance à la France qui parfois, les renvoie à leurs origines qu'ils ne connaissent finalement pas très bien. Sauf à travers des vacances d'été en Algérie, où ils sont considérés comme des étrangers.
Ce n'est pas un texte larmoyant, ni une posture victimaire qui est donné ici, mais une tranche de vie auprès de cette famille ordinaire où chacun essaye de trouver sa place. Même si je ne peux pas comprendre la situation de ces personnages, n'ayant pas du tout la même vie, j'ai été touchée par cette histoire que j'ai trouvé bien écrite et sensible.

Malgré tout (Jordi Lafebre)

note: 3Une rencontre à l'envers Lucie - 19 décembre 2020

Histoire très sympathique où l'on suit deux personnages au moment de leurs retrouvailles pour finir... le jour de leur rencontre !
En effet, l'auteur a choisi de nous faire vivre cette passion platonique à l'envers, en compte à rebours.
C'est une jolie comédie romantique que j'ai eu plaisir à lire, il y a beaucoup de tendresse dans cette histoire.
Le dessin est pétillant, plein de vie et apporte un grand dynamisme à cet ouvrage.

Anaïs Nin (Léonie Bischoff)

note: 4Récit d'une émancipation Lucie - 19 décembre 2020

Anaïs est une jeune femme qui écrit depuis des années son journal intime. Elle souhaite devenir écrivain, sans y parvenir.
Sa rencontre avec Henry Miller va lui donner l'occasion de mener un tournant dans sa vie : elle deviendra son amante et travaillera son écriture à ses côtés.
Cette bande dessinée m'a plu tout d'abord par le dessin : elle a un côté très "féminin", très doux. Cela est peut-être dû au choix du travail mené exclusivement aux crayons de couleurs. C'est donc un très bel objet !
Pour l'histoire, cela nous raconte une histoire de liberté, de femme qui assumera ses choix (parfois difficiles à comprendre) jusqu'au bout. Une femme qui se révélera polyamoureuse, amante, refusant d'écrire "comme un homme".
J'ai apprécié en apprendre plus sur cette auteure, qui peut sembler immorale d'une certaine façon (notamment à travers la relation avec son père).
Je conseille cette BD aux personnes qui aiment les beaux ouvrages graphiques et qui souhaiteraient en savoir plus sur certains épisodes de la vie d'Anaïs Nin.

Géante (Jean-Christophe Deveney)

note: 5L'histoire de Céleste Lucie - 18 décembre 2020

Tout commence comme un conte : un bûcheron, père de six enfants, trouve un bébé dans la forêt. Mais pas n'importe quel bébé puisque celui-ci est... géant ! A la demande de sa femme, ils vont le garder et Céleste va mener une existence paisible avec ses frères jusqu'au moment où elle va souhaiter s'émanciper et découvrir le monde... Je l'avoue, cette BD rassemble tous les ingrédients que j'aime : à la fois conte initiatique, philosophique, poétique et féministe, c'est aussi un récit d'aventures. Une BD d'une très grande qualité, que j'ai lu avec un plaisir immense !

Radium girls

note: 4Destins sacrifiés sur l'autel du progrès Lucie - 18 décembre 2020

En 1918, Edna intègre intègre l'United State Radium Corporation, une usine de montres du New Jersey. Elle est chargée, avec d'autres ouvrières, de manipuler la peinture phosphorescente au radium pour peindre les chiffres sur les cadrans. Ses collègues vont rapidement devenir amies avec elle et l'emmener en soirée. Cependant, l'insouciance va peu à peu prendre fin quand certaines vont avoir des maux inexplicables... L'auteure Cy nous raconte l'histoire des Radiums Girls, leur combat pour faire reconnaitre cette tragédie, qui a entraîné le vote d'un ensemble de lois protégeant les ouvriers américains. Le trait est simple et la palette de couleurs réduite, mais c'est la volonté de la dessinatrice et cela n'enlève rien à l'expression et l'émotion des personnages. Une très bonne lecture que je vous encourage à découvrir, sur un fait historique peu connu.

Les Impatientes (Djaïli Amadou Amal)

note: 4Superbe roman choral Lucie - 4 décembre 2020

Le roman retrace le destin de Ramla, d'Hindou et de Safira. Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Les thèmes sont très forts et engagés, ils traitent à la fois du mariage forcé, du viol conjugal, et de polygamie (avec tout ce que cela implique : tensions entre les co-épouses, compétitions entre les différents enfants, etc). Avec Les Impatientes, Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition de la femme dans le Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.

Ce qu'il faut de nuit (Laurent Petitmangin)

note: 5La douleur d'un père Lucie - 26 novembre 2020

Après le décès de son épouse, un père élève ses deux fils adolescents. Travaillant à la SNCF, militant au PS, il fait ce qu'il peut pour élever ses fils dans une région dévastée par le chômage et la précarité.
Son fils aîné, surnommé "Fus", va s'éloigner peu à peu, et prendre un chemin qui va ébranler son père : devenir militant pour le FN.
Comment renouer avec ce fils qui trahi tous les idéaux de la famille ? Le père se retrouve écartelé entre son amour et ses convictions. L'écriture est bouleversante, et retranscrit très bien les sentiments contradictoires du père. Récit lu en quelques heures, qui ne vous laisse pas de répit.

Aline et les hommes de guerre (Karine Silla)

note: 5Destin d'une femme pendant la colonisation Lucie - 26 novembre 2020

Aline est une jeune femme qui grandi au sud du Ségénal, pendant la période de la colonisation. Enfant solitaire, puis adolescente indépendante, elle part à Dakar pour travailler comme docker, puis trouve un poste de gouvernante dans une famille de colons.
C'est à cette période qu'elle entendra des "voix" l'encourageant à libérer son peuple. Prônant la non-violence, Aline va devenir une icône de la résistance pacifiste.
Karine Silla nous raconte un fait historique peu connu, mais qui se révèle passionnant. Le destin de cette femme force le respect, et apporte un autre regard sur le drame et les horreurs de la colonisation. Un grand coup de cœur !

Les sœurs Grémillet n° 1
Le rêve de Sarah (Giovanni Di Gregorio)

note: 4Enquête sur un passé Lucie - 26 novembre 2020

Nous suivons trois sœurs : Sarah, Cassiopée et Lucile. Sarah est hantée depuis quelques temps par des rêves où elle voit une méduse dans un palais de verre. Dans ce palais, il y a la représentation de la chambre de sa mère. Elle va alors poser des questions à cette dernière mais celle-ci les évite et ne semble pas prête à dévoiler ses secrets.
Alors qu’elles préparent un cadeau pour la fête des mères, les trois sœurs vont tomber sur une photo : leur mère, enceinte, dans une forêt. Mais la date de la photo ne correspond pas à l’âge des filles. Elles vont alors mener l’enquête sur son passé, révélant un secret bouleversant.
J’ai beaucoup aimé cette BD, pour le dessin déjà, qui est vraiment superbe, et pour l’histoire : on a envie de savoir ce qu’il s’est passé aussi et on s’attache très vite aux trois personnalités des sœurs.
Cela donne un récit simple mais très efficace !

La nuit est mon royaume (Claire Fauvel)

note: 5Rock'n'roll à Créteil Lucie - 26 novembre 2020

Nous suivons deux adolescentes, Nawel et Alice, qui habitent dans la banlieue parisienne, à Créteil. Tout les oppose, excepté qu’elles habitent dans le même immeuble. Elles vont lier amitié à travers une passion commune : la musique ! Elles vont monter un groupe de rock et commencer à composer leurs propres morceaux. Leurs études supérieures vont les amener à Paris, capitale qu’elles vont vouloir conquérir. Lors d’un festival, elles vont rencontrer un jeune musicien, Isak Olsen, dont Nawel tombe amoureuse. Sentiment compliqué car elle est jalouse de son talent. Mais stimulée par cette concurrence, elle va s’atteler à la réalisation d’un premier album.
Coup de cœur pour cette histoire d’une transition initiatique : de jeunes adolescentes à de jeunes adultes, avec tout ce que cela comporte : la fougue, la rébellion contre les parents, la passion, le désir d’indépendance. Cela donne un ensemble très bien construit (dessin et scénario), à conseiller dès 14 ans.

Le serment des lampions (Ryan Andrews)

note: 5Récit initiatique dans un univers féérique Lucie - 26 novembre 2020

Comme chaque année au moment de l’équinoxe, Ben et sa bande de copains se réunissent avec le reste du village pour aller déposer des lampions sur une rivière.
La légende dit que ces lampions s’envolent vers la voie lactée et deviennent des étoiles.
Cette année c’est différent : les amis ont fait le serment de suivre ces lampions au-delà de la rivière pour voir si la légende dit vrai.
Arrivés au pont, seul Ben et Nathaniel vont oser le franchir ! Avec une certaine peur car leurs parents leur ont toujours dit de ne jamais aller au-delà…
Le duo va alors embarquer pour une aventure qui va se révéler être un véritable récit initiatique : on y rencontre des personnages farfelus, des paysages magiques, un ours qui parle…
L’univers graphique de l’auteur est superbe, il nous invite au rêve et à la féérie.
Univers qui n’est pas s’en nous rappeler Miyasaki et le film « Les Goonies ».

Les roses fauves (Carole Martinez)

note: 4Quand le quotidien devient ensorcelant Lucie - 23 septembre 2020

Lola vit en Bretagne, dans un petit village où elle travaille au bureau de poste. Très discrète, elle cultive son potager et ses fleurs, et ne désire rien d'autre que la tranquillité.
Elle possède dans son armoire des cœurs cousus, légués par ses aïeules.
En effet, dans son Andalousie natale, la tradition veut que lorsqu'une femme sent la mort venir, elle brode un coussin à l'intérieur duquel elle cache des papiers sur lesquels sont écrits ses secrets.
Un de ces coussins s'est décousu avec l'usure du temps, dévoilant les secrets d'Inès Dolores... A travers la lecture de ces papiers, Lola va t-elle enfin mettre des mots sur ce qui manque à sa vie ?
Carole Martinez nous révèle encore une fois ses talents de conteuse, à travers cet imaginaire qui côtoie le quotidien. Ce dernier en devient mystérieux, on ne sait plus très bien ce qui est réel ou pas, mais cela rend tout ensorcelant.

Buveurs de vent (Franck Bouysse)

note: 4Une magnifique aventure Lucie - 23 septembre 2020

Un village, dirigé par Joyce, tyran mégalo, possède une centrale hydraulique qui emploie la plupart des hommes des environs. Nous suivrons le destin d'une famille composée du grand-père, des parents et de leurs quatre enfants. Il y aura des drames intimes, des sentiments exacerbés, de la littérature et des paysages magnifiés par l'écriture de Franck Bouysse, toujours aussi puissante.
Même si j'ai préféré de loin son précédent roman, "Né d'aucune femme", j'ai retrouvé avec plaisir cet auteur qui sait si bien décrire l'intime. Dans ses livres, rien n'est simple mais tout est évident.

Une Rose seule (Muriel Barbery)

note: 3Histoire d'un retour sur soi Lucie - 23 septembre 2020

Rose découvre le Japon où son père, qu'elle n'a jamais connu, vient de mourir. Elle est guidée jour après jour par Paul, qui fut l'assistant de ce dernier. En découvrant les jardins de Kyoto et ses temples, Rose va apprendre à connaitre son père, mais également se découvrir elle-même.
J'avoue ne pas avoir trop accroché à ce court roman initiatique : peut-être trop philosophique pour moi... Par contre, il ravira les amateurs de culture japonaise et de zénitude !

Les enfants du désastre (BD) n° 1
Au revoir là-haut (Christian de Metter)

note: 4Adaptation du roman Lucie - 12 août 2020

En 1919, la France peine à donner une place aux anciens poilus dans sa société : trop encombrants, trop « cassés » pour certains. Albert Maillard, modeste comptable, et Édouard Péricourt, fils de bonne famille, tentent de vivre à Paris. Mais les temps sont très difficiles et Edouard, défiguré, refuse de reprendre contact avec les siens. Il va alors imaginer une gigantesque arnaque à la nation !
Pas évident d’adapter un roman aussi dense ! Et pourtant la réussite est au rendez-vous, avec De Metter au dessin on se replonge avec plaisir dans cette histoire de destins brisés par la Première Guerre mondiale.
Et pour ceux/celles qui ne connaissent pas l’œuvre de Pierre Lemaitre, c’est une très bonne occasion de l’aborder, cette BD respectant le roman dans son ensemble.

Les 5 terres n° 1
De toutes mes forces (Lewelyn)

note: 4Complots et trahisons Lucie - 12 août 2020

Les 5 terres sont dirigées par les 5 grandes familles : félins, ursidés, cervidés, reptiles et primates. Elles vivent en paix mais plus pour longtemps : le roi Tigre Cyrus est en train de mourir. Ce dernier ne possédant pas d’héritier mâle, c’est son coléreux neveu qui est désigné pour la succession, ce que n’apprécie pas du tout sa fille aînée Mileria.
Au programme de cette série : conspirations, trahisons, intrigues et alliances ! L’histoire, sans paraitre très originale au premier abord, parvient à nous passionner, et c’est avec un réel plaisir que l’on suit le destin de ces différentes familles prêtes à tout pour le pouvoir.
Un cocktail efficace, avec des personnages anthropomorphiques très réussis !

Peau d'homme (Hubert)

note: 5Un conte aux résonances actuelles Lucie - 12 août 2020

Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, jeune fille de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui ont trouvé un prétendant : Giovanni, jeune et riche marchand. Malgré son soulagement de ne pas être promise à un homme en âge d’être son père, Bianca n’en est pas moins déçue de ne pas mieux connaitre son futur époux.
Peu avant la cérémonie, elle va découvrir un secret détenu par les femmes de sa famille : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient le beau Lorenzo et peut ainsi visiter incognito le monde des hommes et approcher Giovanni… Lors de ces sorties, elle pourra s’affranchir des limites imposées aux femmes !
Coup de cœur pour ce conte qui aborde les thèmes du genre, de la sexualité et du féminisme dans l’Italie de la Renaissance sous le joug de l’intolérance religieuse. Les questions soulevées par cette BD sont toujours présentes dans notre société, lui apportant une résonance contemporaine très forte !

Mamma Maria (Serena Giuliano)

note: 3Jolie histoire, parfait pour se détendre Lucie - 5 août 2020

Ce roman vous entraînera en Italie, dans un petit village où les habitants aiment se retrouver au bar surnommé le "Mamma Maria", du nom de sa propriétaire.
C'est simple et plein de bons sentiments d'accord, mais des fois cela fait beaucoup de bien ! Une lecture comme un rayon de soleil, qui se laisse déguster comme un limoncello bien frais.
L'auteure sait partager son amour pour son pays d'enfance, tout en portant un regard sur la société et ses débats d'actualité (racisme, condition féminine).

Il est juste que les forts soient frappés (Thibault Bérard)

note: 5Un premier roman puissant Lucie - 5 août 2020

Quelle claque cet ouvrage ! Voici un roman dont on a du mal à se remettre, qui nous hante encore quelques jours après l'avoir refermé.
Thibaud Bérard écrit sur la maladie, le deuil, et l'espoir avec une justesse incroyable. Je ne m'attendais pas à autant d'émotions en prenant ce livre, j'en suis ressortie bouleversée.

Le pays des autres n° 1
La guerre, la guerre , la guerre (Leïla Slimani)

note: 4Saga familiale dans le Maroc colonial Lucie - 19 mai 2020

Dans ce roman, chacun des personnages vit dans « le pays de l’autre » : le colon, l’indigène, le soldat, la femme, le paysan.
Leila Slimani s’inspire de la vie de ses grands-parents pour nous raconter la vie de Mathilde, jeune bourgeoise alsacienne, et Amine, combattant dans l’armée française. Après la libération, ils vont s’installer au Maroc, dans une ferme isolée. Mathilde va très vite étouffer dans cette ambiance rigoriste et se confronter à un mode de vie qui lui est totalement étranger.
La problématique de ce roman est complexe : comment une femme peut-elle trouver sa voie sans heurter la culture de son mari ? Et comment ce dernier peut-il accepter cette liberté qu’il juge incompatible avec ses croyances ? L'auteure livre un regard original sur les conditions des femmes, mais aussi sur ce que fut la colonisation française au Maroc.
Le deuxième tome de cette trilogie sera centré sur les années 1970-80, et j’espère y retrouver ce même souffle romanesque.

Préférer l'hiver (Aurélie Jeannin)

note: 5Huit clos aussi puissant qu’envoûtant Lucie - 19 mai 2020

L’hiver, saison de tous les dangers ou bien saison pour se reconstruire ? Un peu des deux à la fois.
Une mère et sa fille vivent recluses dans la forêt. Ce choix de vie a été motivé par les deuils qu’elles ont subis, et qu’elles tentent de surmonter. C’est au fil de notre lecture et des révélations que nous en apprendrons plus sur ces drames. Mais les événements passés ne les protègent pas d’un nouveau danger qui rôde autour de leur refuge…
Roman sans concession sur la perte et la douleur, il est porté par une écriture sublime qui retranscrit avec justesse les tourments invisibles de l’esprit et du corps.
Aurélie Jeannin écrit : « Maman distingue les écrivains et les romanciers. Elle dit que les romanciers savent raconter des histoires. Que ce qui importe aux écrivains, ce sont les mots, leur enchaînement et leur rythme. Ceux qui excellent dans les deux, elle les appelle les auteurs. » Aurélie Jeannin est sans conteste une auteure.

Là où chantent les écrevisses (Delia Owens)

note: 4Dans les pas de la sauvageonne des marais Lucie - 19 mai 2020

A l’âge de six ans, auriez-vous été capable de survivre seul(e) dans un marais, délaissé(e) de tous ?
C’est ce qui arrive à Kya. Dans les années 50, abandonnée par sa famille, la fillette doit apprendre à se débrouiller dans un environnement hostile et dangereux. Contre toute attente, le marais va devenir son refuge et les animaux qui le peuple ses nouveaux compagnons. Mais presque 20 ans plus tard, un homme y est retrouvé mort. Kya va devoir faire face à la ville et sa justice, qui l’accusent sur des fondements basés sur des préjugés.
Avec une écriture pleine de délicatesse et de poésie, Delia Owens nous transporte dans un récit à la fois initiatique et thriller juridique. Ode à la biodiversité, il est aussi une critique piquante des villes repliées sur elles-mêmes, où les gens baignent dans le racisme et la méfiance de l’autre dès l’enfance. Les descriptions et les émotions sont retranscrites de façon juste et avec pudeur.
Diplômée de zoologie et de biologie, l’auteure a réussi à m’entrainer dans un véritable voyage, dans cette contrée méconnue de Caroline du Nord. « Là où chantent les écrevisses » est un hymne à la liberté, qui n’est pas sans rappeler l’ambiance des « Aventures de Huckleberry Finn ».

Ceux qui ne peuvent pas mourir n° 1
La bête de porte-vent (Karine Martins)

note: 4Enquête en Bretagne Lucie - 6 avril 2020

Nous sommes en 1887, en France. Gabriel Voltz est un enquêteur assez spécial : il est chargé de chasser les Egarés, ces créatures telles que lycans, goules ou loup-garous qui se cachent sous une apparence humaine. Il va être envoyé en Bretagne par l’Ordre de la Sainte-Vehme, la confrérie secrète qui l’emploie, afin de résoudre une affaire de meurtres qui ne seraient pas l’œuvre d’un être humain. Il est accompagné de Rose, une orpheline qu’il a recueillie après l’avoir sauvée d’un vampire. Cette dernière, au caractère bien trempé, l’insupporte au plus haut point, mais elle va s’avérer d’une aide précieuse.
Grâce à une écriture très rythmée et à des personnages attachants, Karine Martins a su m’emmener très rapidement dans son univers sombre, mystérieux, et captivant ! Les aventures de nos deux héros tiennent en haleine du début à la fin, je ne me suis pas ennuyée, mieux : j’attends le tome 2 avec impatience ! Si vous aimez les histoires fantastiques, les créatures surnaturelles, et les enquêtes, ce livre est pour vous : bienvenue dans un village breton à l’atmosphère glaciale où les assauts d’une bête font trembler tous les habitants… Mais ces derniers ne cacheraient-ils pas un secret ?

Ma chérie (Laurence Peyrin)

note: 4Sous le soleil de Floride Lucie - 2 avril 2020

L’histoire se déroule au début des années 60, en Floride. Gloria, surnommée « Ma Chérie » par son entourage, est une jeune femme ayant la vie douce à Miami : gâtée par son amant, chouchoutée, entretenue, elle n’a pas de souci excepté le choix de ses robes et de ses coiffures pour les prochains rendez-vous mondains auxquels elle est invitée. Mais un jour tout ceci bascule : son amant est arrêté et mis en prison pour escroquerie, elle perd tout. Ma Chérie décide alors de retourner chez ses parents, dans sa ville natale où elle n’a pas que des bons souvenirs, pour tenter de reprendre pied. Lors de ce voyage en bus, elle laissera Marcus, un homme noir, s’asseoir à côté d’elle, ce qui est très mal vu dans l’Amérique ségrégationniste de ces années. Gloria va alors entamer un chemin vers une forme de maturité : il lui faudra travailler pour s’en sortir, affronter le regard des anciens de son quartier, et dépasser les jugements des autres dans son amitié avec Marcus.
Sous ses faux airs de lecture légère et de romance, Laurence Peyrin signe un roman qui aborde des sujets graves : le ségrégationnisme, le racisme, ainsi que les traumatismes des soldats au retour de la guerre de Corée. L’écriture est fluide, ce qui en fait un ouvrage très agréable à lire. Après un premier abord peu sympathique, on s’attache à l’héroïne, qui va évoluer tout au long de cette histoire. Une très sympathique lecture !
De la même auteure, je vous conseille également « La drôle de vie de Zelda Zonk ».

Et toujours les forêts (Sandrine Collette)

note: 5Survivre après l'apocalypse Lucie - 24 mars 2020

Grand coup de cœur pour ce roman de Sandrine Collette ! Tellement intense, et ce, dès les premières lignes : Corentin, après avoir été ballotté de foyers en foyers, sera finalement abandonné par sa mère à Augustine, son arrière grand-mère. Cette dernière vit dans le creux de la vallée des forêts. La vie du jeune reprend forme. Il ira faire ses études supérieures dans la Grande Ville.
Et là : c’est l’Apocalypse. Un souffle destructeur a balayé toute forme de vie sur terre : il n’y a plus rien, plus d’animaux, presque plus d’humains, plus de couleurs. Corentin y a échappé miraculeusement car il se trouvait dans les souterrains au moment où cela s’est passé.
A partir de ce moment, il n’aura plus qu’une idée fixe, un seul espoir : retrouver Augustine, retourner dans les forêts. Mais comment garder confiance dans un monde stérile ? S’engage alors une quête éperdue avec pour obsession l’espoir d’une renaissance.
Dans la lignée des grands romans post-apocalyptiques, Sandrine Collette donne une force incroyable à son récit à travers une écriture puissante, faite de phrases courtes, qui claquent et donnent une émotion sans pathos. C’est un roman noir époustouflant !
Sur le même thème (survivre après l’apocalypse), j’avais eu un coup de cœur pour le roman « Dans la forêt » de Jean Hegland, que je vous conseille vivement ! (et oui, encore les forêts !)

Rouille (Floriane Soulas)

note: 4Thriller sordide dans un Paris steam punk Lucie - 18 mars 2020

Nous nous retrouvons à Paris, en 1897, dans un univers steam punk. Violante, notre héroïne, vit et travaille depuis trois ans aux Jardins Mécaniques, qui est une maison close située dans les quartiers pauvres. Totalement amnésique et dotée d’un sacré caractère, Violante espère faire un jour la lumière sur son passé et retrouver sa famille. Elle va être entrainée malgré elle dans une affaire très sordide : depuis quelques temps, des enfants et des prostituées sont enlevés, puis retrouvés atrocement mutilés au petit matin. En parallèle, la rouille, nouvelle drogue sur le marché, fait des ravages chez ses consommateurs. Tout cela est-il lié ? Ces faits peuvent-ils amener Violante à en découvrir plus sur ses origines ? Comment ? J’ai beaucoup aimé ce roman qui a un univers particulier (le steam punk) et extrêmement sombre. L’histoire, sans être très originale, reste néanmoins bien conçue et le rythme plutôt soutenu ! Premier roman de l’auteure prometteur, on attend la suite ! Si vous aimez l’univers steam punk, je vous recommande également « Lady Mechanika », série de bandes dessinées disponible sur le réseau des médiathèques.

Le consentement (Vanessa Springora)

note: 4Témoignage poignant Lucie - 13 mars 2020

Nous sommes au milieu des années 80, notre héroïne est élevée par sa mère divorcée, et son père est aux abonnés absents. Lors d'un dîner, à treize ans, elle croise la route de G., écrivain, et en tombe amoureuse. Cet homme de cinquante ans à la réputation sulfureuse parviendra à la prendre sous son emprise, à la fois physique et psychologique. Cette relation malsaine est connue du tout Paris intellectuel et littéraire, et pourtant seulement de rares personnes s'en trouveront gênées... Ce livre n'est pas un roman de plus sur le viol ou la pédophilie dont sont victimes les enfants. C'est surtout un questionnement sur l'hypocrisie et la complaisance d'un certain milieu littéraire.
Il met également en avant la différence entre le viol et l'abus sexuel, ainsi que la difficulté pour les victimes de se reconstruire et de porter plainte, car elles se considéraient "consentantes". C'est d'ailleurs sur ce dernier point que jouait beaucoup G., pour mieux assouvir son ascendant. Percutant et bien écrit.

Boom (Julien Dufresne-Lamy)

note: 4Une amitié de trois ans Lucie - 13 mars 2020

Étienne raconte l'amitié qui le liait à Timothée depuis trois ans, jusqu'à ce que ce dernier soit fauché par un terroriste lors d'un voyage scolaire à Londres.
Ces deux adolescents, pourtant si différents, étaient inséparables. Avec beaucoup de pudeur, d'humour et de sincérité, ce roman très court (comme tous les romans de la collection "D'une seule voix") nous dépeint la douleur du survivant, et sa difficulté à retrouver une vie normale après tant de moments partagés avec une personne chère. Très émouvant !

Rattrapage (Vincent Mondiot)

note: 5Le harcèlement scolaire vu par le harceleur Lucie - 13 mars 2020

Lors d'un oral du rattrapage du BAC, notre héroïne croise un ancien élève du lycée. Tout lui revient en mémoire : elle, jolie et populaire, faisait partie de la "royauté" de l'établissement, celle à qui l'on voudrait ressembler, que l'on voudrait avoir pour amie. Lui, faisait partie des moches, des nuls, de ceux qui se faisaient régulièrement harceler. Jusqu'au drame...
La culpabilité soudain la submerge, pour laisser place aux questions : comment en arrive t-on là ? Peut-elle se faire pardonner ?
Sans chercher à dédouaner les actes des harceleurs, ce texte court est puissant et aborde de façon très intelligente la question du harcèlement. C'est un "Rattrapage" dans tous les sens du terme : pour le BAC, mais aussi psychologiquement, pour essayer de passer à autre chose et de se libérer du chaos qui est dans la tête.

La femme révélée (Gaëlle Nohant)

note: 5Une femme en fuite Lucie - 14 février 2020

Eliza Donneley est une femme qui vient juste d'arriver à Paris. Elle a fuit les Etats-Unis, abandonnant son mari et son fils. Pourquoi a-t-elle fait cela ? Qu'est ce qui l'a poussée à laisser ce qu'elle a de plus cher ? Prenant un nom d'emprunt, elle va découvrir la capitale française à travers son appareil photo, un Rolleiflex qu'elle emmène partout avec elle et qui lui permet de capter les émotions des autres. Au fur et à mesure de l'ouvrage, on en apprend un peu plus sur Eliza, sur les raisons qu'il l'ont contrainte à fuir. En miroir, les événements aux Etats-Unis, en particulier à Chicago, des années 60 sont racontés avec beaucoup de précisions. Un coup de coeur !

Cogito (Victor Dixen)

note: 4La domination des robots Lucie - 15 janvier 2020

En voilà un très bon roman d'anticipation ! Celui-ci nous transporte dans une société dystopique où les robots ont peu à peu remplacé les Hommes dans les tâches quotidiennes. Au départ créés pour aider l'humanité et sauver l'environnement, ils n'ont fait que creuser les inégalités de façon dramatique.
Le père de notre héroïne Roxane en a fait les frais : relégué à une tâche subalterne après avoir été remplacé par un robot, il sombre dans la dépression.
Roxane n'a qu'un moyen de s'en sortir : réussir son BAC (bien différent de ce que l'on connait aujourd'hui), pour accéder aux meilleures corporations.
Elle va se retrouver boursière d'un programme spécial : se faire transplanter des neurobots dans la matière cérébrale, afin d'accroitre ses capacités et d'emmagasiner des savoirs. Bonne ou mauvaise idée ? Jusqu'où peut aller la technologie ?
Avec une écriture très rythmée, l'auteur aborde beaucoup de sujets (l'intelligence artificielle, la philosophie, l'adolescence, ...) et nous entraine dans une aventure palpitante, que l'on a du mal à lâcher !

Moon brothers (Sarah Crossan)

note: 5L'injustice de la justice Lucie - 9 janvier 2020

Joe voit sa vie bouleversée quand il apprend que son frère Ed, de 10 ans son ainé, est arrêté à tort pour meurtre, et emprisonné au Texas.
Dix ans plus tard, ce dernier est condamné à mort.
Joe décide alors de quitter New-York et d'aller passer les dernières semaines qui restent à son frère avec lui. Avec un nouvel avocat à la défense, il y a peut-être un espoir ?
Grand coup de cœur pour ce roman émouvant, qui fait réfléchir au système judiciaire américain. Ce dernier n'est pas le même selon les états, selon la personne arrêtée, et cela donne lieu à des injustices criantes. C'est bien écrit, avec cette mise en page et cette prose caractéristiques à Sarah Crossan. J'avais également beaucoup aimé "Inséparables", de la même auteure.

Oeuvre non trouvée

note: 5Réapprendre à vivre Lucie - 9 janvier 2020

Amputée d'un bras à la suite d'un grave accident de voiture, Abigail n'a plus goût à rien et reste chez elle. Comment réapprendre à vivre et à être heureuse quand la douleur est quasi omniprésente ?
Certes sa famille est d'un grand soutien, mais le quotidien est difficilement supportable et l'accident prend toute la place.
Une rencontre va bouleverser la vie d'Abigail et lui redonner, avec beaucoup de patience, l'envie de rire et de se battre.
Grand coup de cœur pour cet ouvrage qui m'a touché ! C'est beau, bien écrit, cela ne tombe jamais dans le misérabilisme, et c'est plein d'espoir ! Quand on le referme, on a envie d'aller écouter les oiseaux et de profiter de la vie, tout simplement...

La vie en chantier (Pete Fromm)

note: 4Apprendre à être père Lucie - 21 décembre 2019

Marnie et Taz forment un jeune couple plein d'énergie et très amoureux. Ils décident de retaper une maison qui tombe en ruine, dans le Montana, et y consacrent toute leur énergie. Quand Marnie apprend qu'elle est enceinte, leur quotidien s'en trouve bouleversé, mais ils acceptent la nouvelle avec joie. Cependant, Marnie va mourir en couches : Taz se retrouve confronté à ce deuil, avec sa fille bébé sur les bras.
Il va devoir alors affronter cette nouvelle vie, entre joie et désillusions, bonheur et difficultés face à cette "vie en chantier".
Pete Fromm a su à travers ce récit raconter le quotidien, en révélant toute sa tendresse et sa beauté. Une histoire bouleversante, pleine d'espoir.

Rien n'est noir (Claire Berest)

note: 4Frida la passionnée Lucie - 4 décembre 2019

J'aime beaucoup la peintre Frida Kahlo, c'est tout naturellement que je me suis tournée vers ce roman qui nous raconte son destin.
Elle eut une vie hors norme : atteinte toute petite de la polio, elle fût victime à ses dix-huit ans d'un grave accident de bus qui lui laissa de terribles séquelles, et elle épousa Diego Rivera, peintre mondialement connu de plus de 20 ans son aîné.
Avec une belle écriture et tout en sensibilité, Claire Berest nous fait vivre l'histoire de cette femme qui se consacra toute entière à sa passion.
Pour ceux et celles qui connaissent cette peintre, ce sera l'occasion de se replonger dans sa vie exaltée. Pour les autres, c'est une excellente entrée en matière pour découvrir cette artiste.

Le bal des folles (Victoria Mas)

note: 3Dans les coulisses de l'hôpital de la Salpêtrière Lucie - 4 décembre 2019

Dans ce roman, nous suivons le destin de trois femmes, au cœur de l'hôpital de la Salpêtrière au XIXème siècle.
Geneviève est intendante, totalement vouée à son travail et aux malades, mais elle refuse de s'impliquer émotionnellement.
Louise a été abusée par son oncle, et est en prise avec des crises d'angoisse depuis.
Enfin Eugénie, fille de bourgeois, qui a eu la mauvaise idée de se confier à sa grand-mère sur ses "visions", et s'est retrouvée internée de force.
Toutes ont des blessures, cachées ou non, que le professeur Charcot tente de soigner via l'hypnose. Nous n'en sommes qu'au début de la psychiatrie, et les erreurs et approximations sont nombreuses...
Au mois de mars, les femmes reprennent un peu de vie car elles danseront devant le Tout-Paris invité ! Ce Tout-Paris excité, voyeuriste et en mal de sensations fortes qui, lors de cette soirée, espère observer des crises de démence...
Victoria Mas nous offre avec ce premier roman une histoire intéressante, ponctuée de faits historiques. Avec une écriture simple, elle dresse le portrait d'une époque à travers ses héroïnes injustement enfermées.

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